Un peuple dont les représentants ont des maîtres avant même d'être élus par le peuple, ne peut être en démocratie.
J’ai dit plus haut qu’il serait vain de dépenser son énergie à se battre contre les hommes politiques au Pouvoir. Ces derniers ne sont pas à proprement parler des traîtres contrairement à ce que pense le peuple qui constate qu’ils ne respectent pas leurs engagements vis-à-vis de lui. Pourquoi ? Eh bien parce qu’avant d’être élus par le peuple, ils sont élus par des puissants qui leur permettent de se faire élire. Étant bel et bien les candidats du système qui les a faits, le système oligarchique, ils doivent allégeance à l’empire ploutocapitaliste. Le premier engagement qu’ils ont pris est de ne pas le trahir. S'ils rendaient le peuple souverain, ils trahiraient ceux qui les ont fait élire. Ils trahiraient l’empire. Ce sont des menteurs professionnels, certes, mais non des traîtres. Ils sont fidèles à leurs maîtres. Les hommes politiques au Pouvoir sont élus par les pauvres, pour les riches. Par les 99 %, pour le 1%. Par les sujets, pour les maîtres. Leurs missions : maintenir ce système de privilégiés. Ils réussissent depuis longtemps à berner le peuple sans le trahir à proprement parler. C’est en effet aux riches qu’ils ont des comptes à rendre et non au peuple. Ils sont de la famille des premiers et non des seconds.
Eh oui, lecteur, l’élection offre le pouvoir aux riches, pire, ce sont les pauvres qui, s’en allant élire aux urnes, l’offrent aux riches. Je le répète : en maintenant la supercherie que représente l’élection, les pauvres offrent le pouvoir aux riches. En un mot, les pauvres élisent des riches pour les représenter et pondre des lois contre leurs intérêts. En fait, dans l’empire capitaliste, les ultra-riches sont omnipotents : ils volent le pouvoir au peuple et aux hommes politiques. Il serait temps que ces derniers, les hommes politiques, prennent leur courage à deux mains et informent le peuple de cette vérité, et ce, pour aider la démocratie à naître. Ce que je viens de dire est évident, mais puisque le peuple ne le voit toujours pas, les choses s’annoncent compliquées pour lui. Tu sais, lecteur, on se moque parfois des personnes âgées qui se font baratiner par des commerciaux véreux leur vendant n'importe quoi. On les regarde avec pitié. Mais quand je vois tous ces aveugles à qui on a réussi à vendre la prétendue démocratie indirecte, je les regarde avec les mêmes yeux que quand je vois un vieillard se faire arnaquer de façon grotesque. Je vois des gens à qui des escrocs vendent sans vergogne une démocratie tronquée : une ploutocratie vendue sous l’étiquette « démocratie » et fournie avec un mode d’emploi mentionnant « démocratie » sur la première page et expliquant le fonctionnement de la démocratie via le principe de l’élection. Le triomphe de la fausse démocratie est dû davantage aux acheteurs naïfs qu’aux marchands véreux qu’il suffirait d’envoyer promener. Acheteurs naïfs qui se relèguent de génération en génération le mode d’emploi fallacieux et qui l’apprennent sans penser. Mais enfin quoi, lecteur, à l’époque où l’on parle quotidiennement, à juste titre, de l’importance du consentement lors des rapports sexuels, on oublie que le plus important de tous les consentements, le consentement des consentements, n’est pas respecté ! On oublie que les lois sont faites par d’autres sans le consentement du peuple ! Pauvre peuple, tu te fais violer quotidiennement, à chaque proposition de loi, et ces viols politiques, tu les dois à un système : tu les dois à la pseudo-démocratie qui te demande d’élire des individus qui ont déjà gagné les élections d’avance parce que le vrai pouvoir les met en place avant même que les élections ne commencent. Ces viols politiques sont systémiques. Ils sont dus au système que tu subis sans ton consentement : la délégation du pouvoir à des représentants sans pouvoir les révoquer en cas de trahisons, bref la nomination de maîtres. Pauvre peuple rendu aveugle et crédule, tu es comme un joueur de Monopoly qui croirait qu’avec la fortune amassée dans le jeu, il augmenterait son pouvoir d’achat dans la vraie vie ! Eh oui, croire que l’on augmente son pouvoir d’achat dans la vie de tous les jours quand on accumule des billets de Monopoly, c’est comme croire qu’on a le pouvoir en élisant son maître. Si « Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle[1] », que dire alors d’un régime politique qui fait systématiquement vivre le peuple sous des lois qu’il n’a pas ratifiées ? Pire, que dire d’un régime politique qui n’a jamais été cautionné par le peuple et qui produit des lois dont le peuple ne veut pas ? Oh le pauvre peuple qui se plaint des lois qu’il subit sans les avoir approuvées et qui ne fait pas le lien entre ces lois et le système qu’il subit sans l’avoir approuvé ! Système qui lui demande de choisir des maîtres qui feront les lois qu’il devra suivre s’il ne veut pas être sanctionné. Oh pauvre peuple, comprends que la cause de tes maux citoyens, ce n’est pas tant les lois qui sont mauvaises mais le système qui leur permet de triompher. C’est lui l’ennemi à abattre. En effet, ce ne sont pas les lois qui te pillent, c’est le système électoral ! Et la vérité, c’est que tant que tu ne le comprendras pas, ce sera moins ce système qui te dépouillera de ta souveraineté que toi qui l’offres aux voleurs de pouvoir.
[1]U« Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. » Rousseau, Du contrat social