En fait, lecteur, je dois reconnaître une chose : je ne sais pas à quoi ressemble la démocratie. Hormis le fait que c’est un système politique qui donne le pouvoir au peuple, comme son étymologie l’indique, j’ignore en quoi elle consiste réellement ! Je sais seulement ce qu’elle n’est pas : un système dans lequel le peuple, par le biais de l’élection, choisit ses maîtres, c’est-à-dire un système dans lequel le peuple délègue le pouvoir ! Mais si je ne sais à quoi ressemble la démocratie, je suis en revanche certain d’une chose : c’est au peuple lui-même de se concerter pour savoir à quoi elle doit ressembler. Qu’il travaille et consomme un peu moins afin de penser un peu plus et qu’il s’adonne à cette mission ! Car c’est bel et bien une des missions premières de tout homme, de tout citoyen évoluant dans un système libre et juste que de tenter d’améliorer et d’assainir le système politique dans lequel il évolue. Par conséquent, il incombe à un peuple libre de se demander comment un peuple est au pouvoir dans un pays. Si on ne permet pas à un peuple de se questionner librement en ce sens, alors ce peuple n’est pas libre. Dans un système où l’on demande aux gens de courir toute la journée et de s’arrêter seulement pour manger, dormir et jouir un peu, on les empêche de s’interroger et de réfléchir, on les infantilise. N’étant pas des adultes véritables, ils ne deviennent par conséquent pas des adultes politiques ! On empêche alors l’embryon de la démocratie de se former ! Dans une démocratie véritable, le peuple débat quotidiennement pour savoir à quoi ressemble la meilleure version de la démocratie. Dans une réelle démocratie, le peuple tout entier recherche l’utopie, il propose ! Il propose et ne se contente pas, via un bulletin de vote glissé dans une urne, de proposer celui qui proposera. Un système qui, d’une façon ou d’une autre, empêche son peuple de débattre des questions posées dans ce livre, qui l’empêche de se demander s’il évolue vraiment en démocratie ou non, est tout sauf un système démocratique ! Souviens-toi lecteur, qu’en Enfer, le diable refuse que les esprits se questionnent sur la nature de l’endroit où ils vivent car il ne veut pas de leurs prises de conscience et de leur éventuelle envie de quitter les lieux. Au Paradis c’est tout le contraire, Dieu laisse les gens s’interroger et même se demander s’ils ne seraient pas en Enfer. Il ne craint pas les prises de conscience, il les encourage, il les favorise !

Je le répète, je n’ai pas la prétention de dire à quoi ressemble la démocratie, je dis seulement que je sais à quoi elle ne ressemble pas : en choisissant celui qui choisira, on n’évolue clairement pas dans une démocratie ! Enfin, lecteur, réveille-toi ! Tu vis dans un pays qui se prétend démocratique en vertu de la séparation des pouvoirs alors qu’il manque un parti au Pouvoir, le plus important : le peuple. Ce parti qui ne doit être représenté par aucun groupe sinon par lui-même. Dans les faits, le peuple de l’actuelle République est seulement spectateur du Pouvoir, il ne le détient pas. Jusqu’à preuve du contraire, il manque le plus important des partis pour que la démocratie soit crédible. Il manque celui du peuple législateur ! Car oui, dans une véritable démocratie, le peuple n’est pas divisé en plusieurs partis qui veulent élire des représentants. Dans une véritable démocratie, le peuple est à lui tout seul un parti. Un parti qui, peu importent les revendications individuelles et idéologiques de chacun, a un intérêt commun : se représenter soi-même, être en démocratie.