La société du consumérisme et de l’hyper-travail tue t-elle la démocratie dans l’œuf ?

Alors qu’Aldous Huxley a dit : « Un état totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude. La leur faire aimer, telle est la tâche assignée dans les États totalitaires d’aujourd’hui aux ministères de la propagande, aux rédacteurs en chef de journaux, et aux maîtres d’écoles »[1] , je dis quant à moi qu’une ploutocratie vraiment efficiente serait celle qui parviendrait non seulement à faire croire au peuple qu’il évolue en démocratie mais qui parviendrait aussi à le rendre tellement aveugle qu’il finirait par être fier d’évoluer dans un système où il utilise sa voix pour choisir quel représentant des ultra-riches parlera à sa place dans l’Agora !

De même qu’un dictateur malin comprend facilement qu’en faisant toujours moins penser son peuple, ce dernier notera toujours moins qu’il évolue en dictature et s’habituera d’autant plus facilement à ce système, de même, les riches qui gouvernent au sein d’une ploutocratie rusée comprennent vite que leur objectif premier doit être d’empêcher le peuple de penser et donc d’anesthésier sa conscience. Dans une ploutocratie qui se fait passer pour une démocratie, ceux qui sont en haut de la pyramide ont en effet tout à gagner à ce que le peuple soit rendu aveugle, c’est-à-dire ne s’interroge pas et ne se demande par conséquent jamais s’il évolue en démocratie ou non. Une des façons les plus radicales pour empêcher un peuple de penser est de le faire vivre dans un système alternant travail, consommation, divertissement.

Réfléchis-y, lecteur, que fait le peuple dans la société d’aujourd’hui ? Je veux dire comment passe-t-il le plus clair de son temps ? Tu le sais très bien mais je vais te le dire quand même. Après avoir passé une rude journée au travail, il se divertit facilement et passivement : il regarde du football, il fait les magasins de vêtements ou de jouets, il s’endort devant la télévision et ses centaines de canaux ! Bref, après avoir passé une journée de labeur qui l’a empêché de penser aux choses sérieuses et d’éveiller sa conscience, il se repose en se divertissant stérilement. Résultat : il continue d’occulter les choses sérieuses au lieu d’éveiller sa conscience ! Une telle alternance ne peut conduire qu’à l’abrutissent de masse, le peuple ne se pose pas les questions qui comptent vraiment et l’évolution spirituelle est vouée à l’échec. Sa vie se résume presque en trois mots : travail, consommation, et de temps en temps, élections ! Cette façon de vivre t’anesthésie le moi-pensant et t’empêche de t’interroger sur ton régime politique ! Cette façon de vivre t’empêche de devenir un adulte véritable : une personne qui, vivant pour penser, est amenée à s’interroger sur sa souveraineté et à comprendre qu’elle n’évolue pas en démocratie. En empêchant les gens de devenir des adultes véritables, cette façon de vivre les empêche de devenir des adultes politiques ! Elle est un réel frein à la naissance de la démocratie ! Si dans mon essai[2] qui dénonce la société du consumérisme et de l’hyper-travail, je parle de son pouvoir abrutissant, ici j’affirme qu’elle tue la démocratie dans l’œuf.Cette façon de vivre est la recette du crime. Elle est très efficace, c’est celle du capitalisme démesuré. De l’empire contemporain dans lequel tu es né et vis actuellement.

[1]U Le Meilleur des mondes

[2] Le Monopoly, Manifeste philosophique contre le capitalisme démesuré : la société du consumérisme et d’hyper-travail du 21e siècle.