« La censure par la dérision »

Dans un monde où tout s’achète et où il n’y a pas de plafond dans l’accumulation des richesses, retirez l’étiquette « démocratie » du système en place et vous en verrez une autre apparaître, où il est écrit « aristocratie » ! Une étiquette mensongère qui fait la promotion d’un système où les meilleurs candidats ou programmes — « aristos » — sont élus par le peuple. Retirez cette autre étiquette et vous découvrirez celle portant la mention « ploutocratie » ! Dans un monde où il n’y a pas de limite dans l’accumulation des richesses et dans lequel on choisit celui que l’on considère comme le meilleur pour gouverner, on trouvera derrière le masque de la prétendue démocratie, un système ploutocratique : le pouvoir des ultra-riches, pour les ultra-riches, par les ultra-riches !

Celui qui n’est pas capable de s’interroger sur la nature véritable de son régime politique ne fait pas son devoir de citoyen et ne sera jamais capable de gratter une étiquette pour voir si elle n’en cache pas une autre ! Dans un monde où tout s’achète et où il n’y a pas de limites dans l’accumulation des richesses, le système représentatif débouche inévitablement sur une société où ceux qui se font élire par le peuple représentent avant tout les intérêts des riches et non ceux du peuple. Dans un tel monde, les pouvoirs politiques et médiatiques seront toujours, d’une façon ou d’une autre, sous l’emprise des plus riches. Et alors, il sera possible de parler de tout au Parlement et dans les médias sauf de ce dont nous parlons ici ! Veux-tu vraiment savoir dans quel monde tu vis, lecteur ? Veux-tu vraiment savoir si tu vis dans une démocratie réelle ou dans un leurre ? Alors réfléchis sérieusement et demande-toi pourquoi dans les médias qui se veulent libres et transparents au point qu’ils encouragent des auditeurs à écouter et à participer à des débats sans aucun intérêt et parfois même loufoques, celui que je lance ici est tabou et jamais mis sur la table ? Cela n’est-il pas suspect ? Le sujet est grave et pour le moins intéressant puisqu’il s’agit de ta souveraineté !

Débattre sincèrement et sereinement de la souveraineté d’un peuple est quelque chose de sain. En revanche, ne pas donner de crédit à ce sujet alors que les thèmes les plus déraisonnables ou insignifiants sont continuellement mis sur la table par tous les médias et hommes politiques est quelque chose, je le répète, de très suspect. En effet, demande-toi pourquoi dans une société où les médias diffusent à longueur de journée des images choquantes, où les pires grossièretés sont permises et même parfois encouragées pour faire de l’audience, dans une société où la pornographie est presque devenue une chose banale, les réflexions que je soulève ici sont-elles si taboues. Tu penses que c’est parce que les médias tiennent mes thèses pour dangereuses ? Dans ce cas, pourquoi publient-ils des interviews de terroristes, d’assassins ou d’autres méchants sans avoir peur de promouvoir des discours ou des idéologies nuisibles ? La réponse est simple : les pensées des assassins et autres terroristes ne sont pas dangereuses pour les propriétaires des médias qui ont volé le pouvoir au peuple. Les miennes si ! J’affirme que rendre un sujet tabou, le décrédibiliser ou en rire pour ne pas avoir à l’étudier sérieusement est de la censure caractérisée. Une forme très sournoise de censure, de la soft censure, mais une censure quand même ! Je la nomme « censure par la dérision » ou « censure par le discrédit ». C’est un variante du complosophisme, véritable terrorisme intellectuel et méthode de manipulation de masse. En effet, coller d’emblée l’étiquette du raciste, du « complotiste » illuminé, bref du méchant ou de l’esprit malade sur son interlocuteur pour ne pas avoir à écouter et à répondre à ses arguments est une véritable censure. Cette technique malsaine mais très maligne de s’attaquer au messager et non au message est la censure qu’utilise aujourd’hui le système ploutocratique et ses médias ! C’est une censure très vicieuse puisque la plupart des gens ne la remarquent même pas et tombent, tels des enfants, dans le panneau : ils pensent que la personne sur qui on a collé l’étiquette du méchant est réellement méchante et ne mérite donc pas d’être écoutée. Tu sais, lecteur, la censure est un phénomène intemporel, seule sa forme change. Elle a toujours existé et existe toujours aujourd’hui, autant que pendant les pires périodes de propagande. La forme qu’a prise la censure actuelle est inefficace sur l’esprit critique développé mais prend très bien sur les individus superficiels, faibles et facilement manipulables. Elle ne prend pas sur les esprits critiques développés car ces derniers sont conscients que la méchanceté d’une personne ne l’empêche pas de dire une vérité ! Cela explique, entre autres, pourquoi le collage d’étiquettes péjoratives ne prend pas sur eux. Malheureusement, tant que les gens vivront sans moi-pensant mature, ils seront incapables de dissocier un message de son messager. L’agent censeur n’a alors plus qu’à leur faire croire qu’une personne est mauvaise pour qu’ils n’aient plus envie de l’écouter. Il n’y aura alors plus qu’à inventer une bien-pensance, un discours à sens unique, coller une étiquette de « non bien-pensant » sur le front de celui que l’on veut censurer et le tour sera joué. Tels des enfants, la plupart des hommes sont incapables de séparer leur raison de leur émotion. Ils écoutent grognant ou sourcils froncés celui à qui on a mis une fourche dans la main et des cornes de diable sur la tête, même si c’est un ange. Ce qui fait bien rire le diable !

Souviens-toi, lecteur : dans certaines formes de dictature, on peut faire beaucoup de choses mais jamais se plaindre de la dictature en place, et c’est pareil dans une fausse démocratie : on peut faire beaucoup de choses, parfois même toutes celles que l’on veut, sauf une : se questionner, se demander si l’on évolue dans une réelle démocratie, douter de la réponse, la chercher et partager ses réflexions à ce sujet. Et puis franchement, lecteur, tu es conscient que dans une dictature le pouvoir en place ne dit pas qu’il est une dictature. Tu sais qu’il dit au contraire à ses sujets qu’ils sont chanceux d’évoluer dans le système qui les régit. Par conséquent, va jusqu’au bout de ton raisonnement et comprends qu’il est du devoir de tout citoyen de se demander s'il ne serait pas dans un État totalitaire. Je crois que l’on peut même affirmer qu’il s’agit là d’une interrogation démocratique, humaniste.