Le jour où le peuple proposera des lois et les votera, c’est-à-dire le jour où il fera connaissance avec la démocratie, alors la première loi qu’il aura à faire passer de toute urgence devra porter sur la limite de l’accumulation des richesses ! Devenir riche peut conduire à des dérives, cela peut tuer une démocratie ou empêcher une autre de naître ! Plus le riche accumule de richesses, plus il succombe à la tentation du pouvoir que lui offrent ces richesses, jusqu’à arriver à la tentation ultime : celle de corrompre le pouvoir, c’est-à-dire de se l’acheter ! Eh oui, lecteur, les plus riches ne renonceront pas à s’acheter la démocratie ! À faire un réel coup d’État ! Si un coup d’État est une prise du pouvoir par la force, médite sur ce que font les riches quand ils s’achètent les médias, autrement dit, les moyens de communication nécessaires aux candidats pour se présenter au peuple avant de se faire élire ! Médite sur leurs calculs quand ils financent, ou pas, les campagnes électorales de ces candidats ! Si tu médites en profondeur, tu te rendras compte qu’il s’agit bien d’un réel coup d’État. Un coup d’État sans armes mais un coup d’État quand même. Je nomme ce coup d’État, le coup d’État médiatique : la prise du pouvoir par l’achat des médias. C’est-à-dire la prise du pouvoir par le formatage de l’esprit du peuple lors des campagnes électorales et par le financement de ces campagnes. Médiatiques, financiers, militaires, les coups d’État mènent à la même chose : la prise du pouvoir et l’assujettissement du peuple. Si cette prise de pouvoir se fait par la force des armes et la propagande quand c’est un chef d’armée qui la réalise, elle se fait par l’argent et la propagande quand ce sont les grandes puissances financières qui la réalisent ! Le triomphe du capitalisme engendre une domination du monde par les lobbies, les multinationales et les banques. Ce qui est un réel coup d’État : la prise du pouvoir par les ultra-riches ! Et quand ces riches abusent de leur pouvoir, le régime en place peut être considéré comme autoritaire. Nous assistons à une nouvelle forme d’autoritarisme dans l’histoire de l’humanité : un autoritarisme bancaire ou numérique mais il n’empêche, un autoritarisme quand même ! Un régime autoritaire avec la particularité que le chef est plus difficilement éjectable que dans un régime autoritaire classique : un régime autoritaire où le chef n’est plus un individu mais une personne morale : une multinationale, une banque, pire un algorithme ou une intelligence artificielle. Il y a pire qu’un tyran : un régime tyrannique induit par un système. Dans un système semblable, éliminer tel ou tel tyran est vain dans le sens où un autre le remplace systématiquement. Ce qu’il faut faire dans pareil cas, c’est faire tomber le système qui rend possible la tyrannie. Ce sont les dominants du système générateur de tyrannie qu’il faut combattre. Dans une tyrannie, le danger n’est pas le tyran mais le système qui permet au tyran d’être. D’ailleurs, la pire des tyrannies pourrait bien être une tyrannie floue et impersonnelle : une tyrannie où aucun tyran n’est officiellement à la tête du peuple. Une tyrannie où le pauvre peuple ne saurait même pas qui secouer s’il lui prenait un jour l’envie de la faire trembler. Le risque dont je parle ici est le risque que l’empire capitaliste fait courir aux peuples de la terre : l’autoritarisme numérique qui pointe le bout de son nez pendant cette crise sanitaire au moment où je relis ce manuscrit, pourrait ressembler à cela. Il pourrait être une tyrannie où il faut la « marque de la bête » pour vivre mais où il n’y aurait même pas de bête. Eh oui, c’est peut-être bien celui-là le véritable triomphe de la bête : une tyrannie sans tyran. Sans tyran à combattre mais où la « marque de la bête » est présente partout.
Comprends, citoyen, que dans un système où l’accumulation des richesses est illimitée, le danger pour l’humanité est la facilité avec laquelle les plus riches peuvent s’acheter des candidats à l’élection présidentielle ou tout orchestrer pour faire élire un des leurs. Un enfant à qui on ferait faire un peu moins de calcul, de grammaire, ou d’orthographe pour le laisser méditer loin des notes et de la cadence scolaire infernale, comprendrait cela ! Un adulte à qui on ne laisse pas le temps de méditer pour que son moi-pensant s’éveille aura du mal à le comprendre. Voilà pourquoi tout est fait dans cette pseudo-démocratie représentative pour que la société soit une société de l’hyper-travail et de l’hyper-consommation : une société où les gens n’ont pas le temps de penser et où ils ne cessent de travailler que pour consommer des produits et du divertissement. Une société où le peuple se résume à une masse de travailleurs-consommateurs-électeurs se croyant citoyens.