Qui dit autoritarisme dit censure et répression. L’autoritarisme rose privilégie le terrorisme intellectuel pour censurer : il invente des mots pour censurer les opposants plutôt que de les emprisonner. Ces mots ont pour but de les tuer socialement et de justifier qu’on ne les invite pas à participer aux débats. Eh oui, l’autoritarisme rose ne met pas en prison celui qui critique les décisions du gouvernement ou qui remet en question la version officielle mais le taxe de complotiste et manipule l’esprit des gens pour qu’ils considèrent comme complotiste la saine attitude citoyenne d’un citoyen vigilant face au Pouvoir. On peut alors parler de complosophisme et de ses variantes comme étant les outils préférés du totalitarisme rose. Son meilleur argument, très sournois, est de rétorquer à ceux qui le dénoncent : « Si vous étiez vraiment dans un régime autoritaire, vous ne pourriez pas le critiquer publiquement ! », et de pointer du doigt les régimes autoritaires classiques pour montrer ce que veut dire « autoritarisme ». L’autoritarisme rose et la société de tacite répression feront un effrayant combo gagnant pour deux raisons. D’une part, parce que la masse ne sentira pas les dérives autoritaires pour la simple raison qu’elles seront noyées dans le progrès, les avancées technologiques, les gadgets de la société d’hyper-consommation et de services, ainsi que dans l’accès illimité aux divertissements en tout genre. D’autre part, parce que la répression n’y est pas totalement identique à celle des régimes autoritaires traditionnels, elle est plus axée sur les punitions, les contraintes et les récompenses, le chantage et la délation. Mais restons lucides, l’autoritarisme rose et la société de tacite répression, laquelle nous pend au nez, c’est de l’autoritarisme, du vrai !
Et moi de conclure que, de même qu’il n’a pas fallu l’apparition du concept de soft power pour que le soft power existe dans la vie des gens, le « soft autoritarisme » existe lui aussi, je viens de le théoriser : c’est la rencontre de l’autoritarisme rose avec la société de tacite répression.