« C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites ».
Montesquieu
Si j’ai pris l’exemple des richissimes frères qui se sont acheté un village tout entier, c’est pour te faire comprendre, lecteur, que sans instauration de limites dans l’accumulation des richesses, on ne peut que générer un monde où le plus riche deviendra le plus puissant et finira d’une façon ou d’une autre par gouverner. Eh oui, « tout pouvoir va jusqu’à ce qu’il trouve des limites
[1] ». Le pouvoir d’achat ne déroge pas à cette règle ! Au contraire, il l’illustre tellement que l’on peut mettre à jour la maxime de Montesquieu et dire aujourd’hui, à l’ère du capitalisme : Tout pouvoir va jusqu’à ce qu’il trouve des limites, surtout le pouvoir d’achat ! C’est une expérience éternelle que tout homme qui a un pouvoir d’achat est porté à en abuser. Si ce pouvoir d’achat est tel qu’il permet à un homme de s’acheter le monde, mieux si ce pouvoir d’achat permet un homme de s’acheter le pouvoir dans le monde, alors il ne renoncera pas à le faire ! Il faut donc des contre-pouvoirs et le plus important actuellement est celui de plafonner les richesses.
Je crois que tout ce qui se passe aujourd’hui dans le monde est une conséquence logique de l’accumulation illimitée des richesses et de la corruption qu’elle entraîne. Eh oui, lecteur, de la même façon que si je lâche un objet, ce dernier se dirige vers le sol, de la même façon, si je crée un monde où il n’y a pas de limites dans l’accumulation des richesses, les plus riches ne renonceront pas à s’acheter le pouvoir et, d’une façon ou d’une autre, à faire les lois ainsi que la pluie et le beau temps dans tous les pays. Tels des individus à qui l’on offre le pouvoir, ils se comporteront comme George Orwell l’a si bien expliqué dans La ferme des animaux, en parfaits cochons : ils dévoreront tout sans laisser de miettes, ils se goinfreront !
Et puis, au sujet de la corruption, comprends bien une chose, lecteur : quand les puissances financières ont le pouvoir, on n’en est même plus à se demander s’il y a de la corruption, des conflits d’intérêts, ou si l’opposition ne serait pas en réalité qu’une l’opposition contrôlée, non, quand les puissances financières ont le pouvoir, c’est tout le système qui est contrôlé. Il est contrôlé entièrement par des oligarques. Eh oui, la Ploutocratie c’est bien le stade au-dessus de l’opposition contrôlée ou de la corruption, la ploutocratie, c’est quand les ultra-riches n’ont même plus besoin de corrompre les pouvoirs car ils ont pris possession indirectement du Pouvoir et légifèrent en pillant le peuple, légalement. En effet, si ploutocratie se dit d'un régime politique où les plus riches sont au pouvoir, elle est franche et transparente quand les plus riches légifèrent aux yeux de tous ; elle est sournoise quand ils font en sorte que leurs candidats gagnent les élections afin qu'ils légifèrent en leur faveur.
[1]U « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites ». De l’Esprit des lois. Montesquieu