La grande majorité des gens jouissent d’un moi-pensant sous-développé et par conséquent d’une conscience faible. Ils obéissent à leur animalité sans le savoir. Ainsi, dans ce monde « d’hommes primitifs », ce sont les lois sauvages, aveugles et injustes du plus apte ou du « plus quelque chose » qui régneront toujours ! Dans un monde où tout s’achète et où il n’y a pas de limites dans l’accumulation des richesses, ceux qui ont le plus de pouvoir d’achat ne renonceront pas à s’acheter le monde ! Ils commenceront par avoir le plus de pouvoir d’achat et finiront vite par avoir le plus de pouvoir tout court ! Ils deviendront rois en créant un système qui le leur permet ! Des rois avec ou sans couronnes, c’est-à-dire des rois sur le devant de la scène ou dans les coulisses mais des rois bien ancrés dans leurs royaumes.
Réfléchis-y un peu, lecteur ! Ne penses-tu pas que dans un monde où tout s’achète et où il n’y a pas de limites dans l’accumulation de l’argent, s’acheter le pouvoir est une chose possible ? Sache que ce n’est pas seulement une chose possible, c’est une chose absolument inévitable ! Si tu as lu les deux essais précédents, Le Pouvoir du peuple et Je suis votre voix, tu sais que je ne crains pas d’être étiqueté de « conspirationniste » mais quoi qu’il en soit, ce que je m’apprête à développer dans ce chapitre ne saurait être qualifié de « conspirationniste » par le discours dominant. Ce que je vais dire ici n’est rien d’autre que du bon sens, de la logique ! Laisse-moi introduire ma pensée en te racontant une petite histoire :
« Il était une fois un tout petit village de cent habitants. Parmi eux, cinq hommes les plus riches de la Terre, cinq frères, décidèrent un jour d’acquérir toutes les maisons, les commerces, ainsi que toutes les parcelles de terrain dudit village, et ce, à un prix cent fois supérieur à celui du marché. Ravis de vendre à très bon prix, les villageois acceptèrent de leur céder leurs commerces et leurs demeures, si bien qu’un beau jour ces richissimes frères possédèrent le village tout entier. Dans chaque maison dont ils étaient devenus propriétaires, ils logèrent un membre de leur famille ou un ami. Petit à petit, le village fut entièrement peuplé de leurs proches dont l’influence pesa à tous les niveaux : les habitants, ceux-là mêmes qui élisent le maire, choisirent donc un membre de la famille pour occuper ce poste. Tous les braves habitants du village possédaient une maison grâce à leurs richissimes parents et finirent par élire un maire qui était par conséquent lui aussi élu grâce à ces riches frères. Résultat : les adjoints au maire et tous ceux qui occupaient une place importante dans le village furent redevable à ces ultra-riches. D’une manière on d’une autre, le village était sous leur emprise. D’une manière ou d’une autre, le village appartenait et vivait grâce aux descendants des riches frères qui occupaient tous les postes, représentaient tous les métiers. Les uns s’occupaient du ramassage des ordures, les autres de la réparation des routes, certains cultivaient la terre pour produire fruits et légumes etc. Au fil du temps, ces métiers devinrent pénibles pour certains. Étant de près ou de loin des membres de la famille des cinq frères, ils firent part de leurs difficultés lors des grands repas de famille qui se tenaient chaque mois. Les « chefs » méditèrent sur la situation de leurs enfants, neveux, cousins et amis et, pour l’améliorer, ils envisagèrent l’embauche d’étrangers pour la propreté urbaine, la réparation des routes, le triage des ordures, enfin bref, pour toutes les tâches dites pénibles et ingrates mais nécessaires au bon fonctionnent du village. Ils firent donc venir des étrangers de pays pauvres en leur promettant une vie meilleure. Ces futurs habitants ignoraient qu’ils étaient sur le point d’arriver dans un village occupé et dominé par une famille richissime. Ils arrivèrent tout heureux, devenant un jour même propriétaires d’une maison qu’ils achetèrent en travaillant d’arrache-pied. Cependant, ignorant tout des tenants et des aboutissants établis dans les coulisses du village, ils étaient certes propriétaires de leurs maisons mais des « étrangers » de leur propre village. Des étrangers à leur insu. Des étrangers jouissant d’une carte d’identité et d’une carte électorale, de même que leurs enfants, qui, bien que naissant au beau milieu du village, l’étaient tout autant, étrangers ! N’ayant aucun réel pouvoir, ce qui était leur dernière préoccupation, ils se contentèrent toute leur vie d’élire, sans le savoir, le maire que « la famille des riches » avait choisi en amont. De quelle manière ? Eh bien cette famille, qui avait infiltré tous les postes importants du village, parvenait d’une manière ou d’une autre à faire élire un maire qui avait été choisi par elle avant d’avoir été choisi par les habitants. Les cinq richissimes frères ou leurs héritiers s’entendaient pour financer les campagnes électorales des candidats sélectionnés. Peu importe le candidat qui était élu, il s’agissait toujours d’un membre de « la famille » et ce dernier défendait coûte que coûte ses intérêts. Ce système était si astucieux que les « étrangers » ne s’aperçurent jamais qu’ils votaient pour des candidats imposés, que leurs votes allaient dans le sens opposé à leurs propres intérêts et que le réel pouvoir ne finissait jamais entre les mains de ces candidats exhibés sur le devant de la scène seulement pour le décor. Dans ce village, de toutes les manières, le pouvoir finissait toujours entre les mains des cinq frères ! Même les policiers qui avaient la mission de faire régner l’ordre dans les rues du village, n’avaient aucun pouvoir. Ils portaient une arme à la ceinture et avaient le droit de contrôler les citoyens mais n’avaient pas le pouvoir. Eh oui, lecteur, s’il fut un temps où le pouvoir était à celui qui possédait une arme à la ceinture, aujourd’hui c’est un compte en banque bien rempli qui rend omnipotent. Avec l’argent, tout s’achète, tout se finance : médias, campagnes électorales, politiciens, justice, exécutif etc. Eh oui, lecteur, si tu l’ignorais, ouvre grand tes oreilles, ce que je m’apprête à te dire n’est pas complotiste, c’est du bon sens : avec un compte en banque bien rempli, on peut financer les campagnes électorales de ses candidats favoris, mieux on peut avoir ses propres candidats et ainsi être le chef de l’exécutif. Dans l’ombre peut-être mais le pouvoir entre les mains, certainement. Par conséquent, je le répète, s’il fut un temps où le pouvoir était de posséder une arme à la ceinture, aujourd’hui c’est d’avoir un compte en banque bien rempli, mieux, c’est de posséder la banque, la monnaie.
Sache, lecteur, que si un jour ce village venait à s’agrandir et devenait une ville, ce serait la même chose : le plus riche aurait le pouvoir ! Le pouvoir finit toujours, d’une façon ou d’une autre, par se faire acheter par le plus riche ! Mais sache autre chose, lecteur : le monde dans lequel tu vis est un gigantesque village ! Un immense village interconnecté, on nomme cela la mondialisation. Dans ce gigantesque village, le peuple, où qu’il naisse, est étranger chez lui ! Même quand il s’achète un bout de terre, une maison ou un commerce, il est étranger ! Il faut qu’il se réveille, qu’il reprenne le pouvoir et qu’il se réapproprie ce monde ! Qu’il comprenne que tant qu’il n’y aura pas de limite dans l’accumulation des richesses, il sera assujetti et ne pourra rien faire pour que cela change ! L’homme le plus riche du monde n’est qu’un homme, il est faible et ne renoncera pas à s’acheter tout ce qu’il pourra si on ne lui met pas un frein, une loi. Il ne renoncera pas à s’acheter le pouvoir en toute légalité ! Si la Lune était un bien marchand, cet homme possèderait sur Terre, le titre de propriété de la Lune tamponné par le notaire, c’est certain ! À qui aurait-il réussi à acheter ce satellite naturel du système solaire ? Aucune idée, mais une chose est certaine, il se le serait acheté.
J’ai l’air d’en vouloir à cet homme, en réalité il n’en est rien. Quand on a compris ce que ce sont les instincts humains, on comprend qu’il est évident que dans un monde où tout s’achète et où il n’y a pas de limite dans l’accumulation des richesses, les plus riches finissent par s’acheter le pouvoir. Tout comme le « gène de la goinfrerie » dont nous parle Yuval Noah Hariri dans Sapiens, une brève histoire de l’humanité, c’est inscrit en nous. Dans son best-seller, l’historien israélien dont je ne cautionne pas les idées sociétales nous explique qu’à l’époque nos ancêtres vivaient, à l’instar de tout être vivant, pour survivre. Par conséquent, ils ne laissaient pas un seul fruit sur l’arbre bien garni qu’ils croisaient pendant la chasse et la cueillette. Pourquoi cela ? Eh bien parce qu’ils ne savaient pas quand ils auraient la chance d’en trouver un autre et de faire le plein de calories, mais aussi pour les manger avant qu’une horde de babouins ou d’autres concurrents s’en emparent. Cet « instinct de la goinfrerie » est toujours ancré en nous, « notre ADN n’a pas changé » précise Harari, et c’est ce qui explique certains comportements alimentaires, comme par exemple s’empiffrer en quelques minutes de chips, de bonbons ou d’autres aliments gras ou sucrés dont regorgent nos placards. Si l’on met des aliments sucrés à disposition d’une tribu Homo sapiens, il ne faut pas s’étonner qu’ils se goinfrent et que l’obésité fasse des ravages ! Pour l’argent et le pouvoir, c’est pareil ! Si on crée un monde où il n’y a pas de limite dans l’accumulation des richesses, il ne faut pas s’étonner que le plus fortuné Homo sapiens se goinfre de privilèges après s’être acheté le Pouvoir ! C’est même une évidence, une suite logique !