Nombre de personnes diront qu’il est facile de se contenter d’affirmer qu’en démocratie on ne choisit pas ses chefs mais on vote ses lois. Je les entends d’ici : « Comment peut-on demander à des millions de personnes de voter leurs lois, c’est impossible ! ». Eh bien, je répondrais à ces personnes que là n’est pas mon problème ! Mon propos ici est uniquement de te dire qu’ils ne sont pas en démocratie, lecteur ! Je ne fais que jeter un seau d’eau froide dans la figure des « somnambules » et c’est déjà pas mal ! C’est une mission très ambitieuse, crois-moi ! Je fais ma part, dixit le colibris de la légende amérindienne[1] qu’aime raconter Pierre Rabhi[2] ! Je tente de réveiller la masse endormie. J’essaie de faire trembler les murs de la Caverne de Platon, c’est un projet très énergivore. Tenter de concevoir la démocratie en est un autre ! Ce chantier-là, je te le laisse, il t’appartient comme il appartient à tout être humain. Dans ce livre, je me contente de dire qu’en démocratie on n’a pas à choisir ses maîtres mais à choisir ses lois. Ne me demande pas comment on fait pour rejoindre ce pays. Referme ce livre et médite sur cette question ! Referme mon livre et écris le tien ! Je t'ai dit le fond de ma pensée, à savoir que l’on n’était pas en démocratie, à ton tour désormais de faire un effort et de chercher à savoir comment on peut l'atteindre.
[1] Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
[2] Pierre Rabhi (29 mai 1938, 4 décembre 2021) est un essayiste, romancier, agriculteur, conférencier et écologistefrançais, fondateur du mouvement Colibris.