Penser et légiférer : les deux premiers métiers de l’homme

Si la démocratie, c’est élire celui qui choisira, alors aujourd’hui la plupart des pays dans le monde sont des États démocratiques. Si la démocratie, c’est participer soi-même à l’élaboration des lois de son pays ou avoir un contrôle sur ceux qui élaborent ces lois, alors aujourd’hui presque aucun État dans le monde n’est démocratique, la plupart n’en portant que l’étiquette. En vérité, la bataille des mots importe peu, c’est celle pour la justice qui compte. En vérité, je me fiche de savoir si j’évolue en « démocratie » ou non. Ce qui m’importe, c’est de savoir si j’ai le pouvoir ou non ! En l’état, je considère que je ne l’ai pas et je trouve cela injuste ! Je suis né dans un pays où l’on m’a dit : « Tu es le peuple donc tu as le pouvoir » et où l’on me demande ensuite de choisir mon maître, c’est-à-dire de choisir celui à qui je donnerai le pouvoir. Pardon, mais je ne suis pas d’accord ! J’ai quelque peu médité sur le sujet, environ une dizaine d’années et excusez-moi d’avoir pensé, d’avoir utilisé mon cerveau et ce qu’il avait de plus humain — son moi qui s’interroge et cherche la vérité — mais je ne suis pas d’accord avec ce qu’on m’a expliqué à l’école, dans les médias ou dans les discours politiques ! Si « demos » c’est le peuple et « kratos » le pouvoir, alors celui qui pense détenir le pouvoir en choisissant à qui il donnera le « kratos » croira que la plupart des pays du monde sont de belles et authentiques démocraties. Celui qui pense au contraire que le pouvoir lui appartient quand il détient le « kratos » et non quand il a le droit de choisir qui l’aura, refusera de les considérer comme véritablement démocratiques !

Certes, il existe des êtres qui se moquent de choisir ce qu’ils « mangeront » et qui se contentent d’attendre de déguster les plats qu’on leur a confectionnés en coulisse sans se poser de question, mais ce sont souvent des personnes qui ne vivent pas pour penser et qui sont insensibles à la vérité. Au contraire, celui qui vit pour penser vivra comme une totale injustice le fait de devoir choisir celui ou ceux qui lui choisiront et lui prépareront ses repas pendant cinq ans ! L’Homme est une « chose qui pense », un « animal politique », ses deux premiers métiers sont donc penser et légiférer. Mais c’est seulement quand il aura pris au sérieux le premier qu’il aura à cœur le second !