Dans la société actuelle, tout est fait pour empêcher le peuple de se questionner, néanmoins il a bel et bien la capacité de le faire. C’est d’ailleurs le seul réel pouvoir qu’il a dans ce régime politique. Eh oui, lecteur, tu as seulement le droit de te demander si tu évolues en démocratie. Ne disposant pas de celui de changer les choses puisque tu évolues dans un système où l’on te demande d’élire ceux qui auront ce droit, la seule façon pour toi de changer radicalement les choses dans une telle société n’est pas de changer le monde mais de changer de monde : de prendre le pouvoir sans le demander et sans violence, c’est-à-dire de quitter la table où le peuple est contraint de s’assoir sagement, tel un enfant qui attend qu’on lui serve la soupe. De quitter cette table pour se rendre en cuisine et dire au cuisinier que la fête a assez duré, de lui demander d’ôter son tablier, sa toque et de s’assoir à table comme tout le monde pour éplucher les patates ou tout ce qu’on aura décidé d’éplucher ensemble !
Mais pour arriver à cette révolution-là, il faut prendre conscience que l’on n'évolue pas en démocratie : il faut être capable de se demander si l’on évolue en démocratie et de douter de la réponse, il faut donc penser ! La « révolution véritablement révolutionnaire[1] » naîtra quand le moi-pensant des gens sera mature : quand ils vivront pour s’interroger et douter des réponses à leurs interrogations, quand ils vivront pour connaître la vérité. De cette révolution découleront toutes les autres. De cette révolution découlera le printemps humain. Eh oui, de cette révolution, découleront toutes les véritables révolutions dans les sociétés humaines, y compris celle qui émancipera les hommes de toutes les hiérarchies politiques. Du printemps humain découlera la révolution qui leur permettra de vivre comme de véritables êtres pensants et non plus comme le font les autres grands singes dans toutes les forêts et jungles du monde depuis la nuit des temps : au sein de groupes régis par des mâles ou des femelles alphas : des chefs de meute ! À ce propos, il est crucial, que dis-je, il est émancipateur pour un être humain de comprendre que tout ce qui ne va pas à l’encontre des lois naturelles qui évoluent en lui — programmations génétiques et instincts — ne choque pas sa conscience quand celle-ci n’est pas éveillée. Comprendre cela et comprendre ce que demandent ces lois naturelles nous permet de comprendre pourquoi une société régie par des maîtres, même quand ceux-ci abusent de leur pouvoir, est tolérée par la masse des hommes qui obéissent à leurs programmations génétiques sans le savoir et sans les connaître. La hiérarchie est une chose naturelle au sein des groupes de grands singes sociaux. Mâles et femelles alphas, dominants et dominés : voilà comment sont conçus les groupes de primates et voilà comment sont conçus les groupes d’humains à l’état de nature, ces primates penseurs. Cet état de nature est toujours en nous : ce sont nos gènes. Ces gènes qui évoluaient dans le corps d’Homo sapiens quand il était un chasseur-cueilleur nomade et qui ont traversé des milliers et des milliers d’années pour atterrir dans nos corps. Eh oui, lecteur, les gènes du chasseur-cueilleur nomade d’il y a 10.000 ans sont toujours présents aujourd’hui : ils sont dans mon corps pendant que j’écris ces lignes et dans le tien pensant que tu les lis. Comme l’explique bien Yuval Noah Harari, et je précise que je me bats contre sa vision du monde transhumaniste et inégalitaire, nos gènes croient encore que nous sommes dans la savane. En empêchant notre moi-pensant, siège des prises de conscience, de grandir, nous obéissons sans le savoir à notre animalité, à ces gènes qui croient encore être dans la savane et cela fait de nous des maillons qui entretiennent cette société où l’on se nomme des chefs. Ceci est un bref résumé de l’essai où j’explique les « origines naturelles de la démocratie indirecte », mais si tu veux en savoir plus, lecteur, rapproche-toi de ce livre qui est l’introduction de celui que tu es en train de lire. Eh oui, de même que Schopenhauer qui ne voit rien d’autre dans la passion amoureuse des couples que la Nature qui utilise un stratagème pour arriver à ses fins[2], perpétuer l’espèce, je crois que pour tout ce qui a trait aux Hommes, absolument tout, on peut, à l’instar du philosophe allemand, y trouver une explication « naturelle ». Je suis même persuadé que la cause profonde de chaque comportement, mœurs ou culture est à imputer à la Nature, la démocratie représentative n’échappant pas à la règle !
[1] « La révolution véritablement révolutionnaire se réalisera, non pas dans le monde extérieur, mais dans l’âme et la chair des êtres humains ». Le Meilleur des mondes. Aldous Huxley
[2] « La procréation de tel enfant déterminé, voilà le but véritable, quoiqu’ignoré des acteurs, de tout roman d’amour : les moyens et la façon d’y atteindre sont choses accessoires.» Métaphysique de l’amour sexuel. « Ce qui en fin de compte attire l’un vers l’autre deux individus de sexe différent avec tant de force et si exclusivement, c’est le vouloir-vivre présent de toute l’espèce. » Métaphysique de l’amour, Métaphysique de la mort.