Deux raisons profondes expliquant le triomphe de la pseudo-démocratie représentative contemporaine.

Mon ami, réfléchis bien à la question suivante : as-tu le pouvoir quand tu as le droit de choisir sur quelle tête tu poseras la couronne ou bien quand cette dernière est sur ta tête ? Réfléchis-bien car comme je viens de le dire, un enfant trouverait la bonne réponse du premier coup ! La couronne c’est le pouvoir ! Pour avoir la couronne ou, ce qui est pareil, le pouvoir, on la porte, jamais on ne choisit qui la portera. Un roi ne délègue pas sa couronne. Déléguer sa couronne, c’est la perdre aussitôt. Le pouvoir, c’est pareil : on l’a ou on le délègue. Les deux en même temps sont impossibles puisque contradictoires ! La gestion du pays depuis la crise du covid démontre bien que le peuple, en ayant choisi son représentant, s’est dépouillé de son pouvoir et qu’il n’a plus son mot à dire dans les décisions et les lois émises en haut-lieu. Posséder le pouvoir n’est pas le conférer à autrui. Un peuple est en démocratie quand il a la « couronne », le pouvoir, sur la tête et non quand il choisit, élit, qui l’aura. Je le répète, on a le pouvoir quand on l’exerce, non quand on le délègue ! Eh oui, citoyen, le pouvoir, soit tu l’as, soit tu le donnes. Confondre « porter la couronne » et avoir le droit de choisir qui la portera est extrêmement grave. Un peuple qui sait que la démocratie c’est le pouvoir du peuple et qui pense défendre la démocratie quand il choisit qui aura le pouvoir est un peuple endormi, mal éclairé et berné, n’ayant même pas les mots pour combattre ce qui le ronge. Mais comment diable s’expliquer que les gens soient aveugles au point d’évoluer dans un système où ils choisissent la personne à qui ils donneront la « couronne » et pensent la détenir ? Comment expliquer qu’ils disent défendre la démocratie, conscients de ce que ce mot signifie : régime où ils ont le pouvoir, et qu’en même temps ils la tuent en déléguant leur pouvoir ? En acceptant de glisser dans l’urne un papier avec le nom de celui qu’ils veulent voir au pouvoir ? Deux explications. 

 

Explication n°1 : ils ne se posent pas la question de savoir ce que signifie « avoir le pouvoir ». Ils prennent pour acquis le concept de démocratie alors que s’ils sortaient de leur « état agentique », ils se poseraient la question de savoir si la définition que leur a enseignée l’autorité est juste. En effet, si l’expérience de Milgram, c’est la soumission aveugle à l’autorité et l’incapacité de lui désobéir, c’est aussi, contrairement à ce que beaucoup ont compris, la soumission aveugle au récit de l’autorité et l’incapacité de le remettre en question. En s’adonnant à faire grandir le moi-pensant des gens, dès l’enfance, c’est-à-dire ce moi intérieur qui pose des questions et qui veut connaître les réponses, on aiderait les gens à développer leurs « ressources intérieures » capables de remettre en question le récit de l’autorité. On les aiderait donc à être capables de s’interroger sur le concept de « démocratie » et à se demander si la définition de l’autorité est juste ou non. Ainsi, les humains feront le premier et indispensable pas pour conscientiser le fait qu’ils ne sont décideurs de rien ni détenteurs d’aucun pouvoir quand ils choisissent leur « représentant » tout-puissant. Eh oui, si ton esprit ne conceptualise pas une question, alors même si la réponse est facile à trouver, tu ne la trouves jamais ! En effet, si tu ne te demandes jamais où vivent les fourmis, tu ne connaîtras jamais la réponse. Non pas parce qu’elle est difficile à trouver mais parce que tu ne te l’es jamais posée. Un enfant qui se la pose et qui veut connaître la réponse sortira dans le jardin, soulèvera quelques pierres et verra que les fourmis vivent sous la terre dans des structures de plusieurs milliers d’individus ! L’enfant qui se la pose superficiellement ou pire, qui ne se la pose jamais, peut quant à lui ouvrir un livre où il est écrit que les fourmis vivent dans la mer et il y croira jusqu'à sa mort. L’enfant qui se questionne très peu sur le monde et sur la société où il vit a des idées fausses ou approximatives de son environnement. Ne se posant pas de questions ou ne vérifiant rien par lui-même, il est facile à berner, à manipuler et à formater. Son cerveau est susceptible de subir toute sorte de propagande ! Parenthèse, on comprend mieux pourquoi l’École du capitalisme empêche le moi-pensant des élèves de mûrir, ce moi qui s’interroge et doute des réponses à ses interrogations !

J’ai dit que celui qui ne se pose pas de questions aura des idées fausses ou approximatives sur le monde et la société qui l’entourent et il est bien là le problème car en matière de démocratie on ne peut pas se permettre l’approximation ! Une approximation peut tout changer : entre une démocratie authentique et une démocratie représentative, entre élire un maître et voter ses lois, il y a deux régimes opposés ! Cette opposition est si criante qu’on ne peut même pas dire que la démocratie représentative du 21siècle soit la contrefaçon de la démocratie véritable : cette mauvaise imitation n’a de démocratie que le non ! Il y a tellement de différences entre déléguer le pouvoir et l’exercer que j’affirme que la différence entre la démocratie représentative du 21e siècle, ce régime où le peuple se choisit un représentant sans contre-pouvoir sur ses choix, et la démocratie véritable, n’est pas une différence de degrés mais de nature ! 

 

Explication n°2 : Homo sapiens, animal social, a une tendance naturelle au conformisme, à l’habitude, à la soumission aveugle à l’autorité et donc au récit de l’autorité ! En effet, l’Homme est beaucoup de choses mais c’est avant tout un grand singe social, soit un individu qui reste en groupe. Et ce parce dans la Nature le groupe garantit de meilleures chances de survie. Par conséquent, la sélection naturelle a favorisé les éléments qui se conformaient le mieux au groupe, c’est-à-dire ceux qui « faisaient comme tout le monde » sans se poser de questions et sans chambouler les façons de faire qui fonctionnaient. Pour le dire plus crûment, la Nature a sélectionné des « moutons » : des individus qui font comme tout le monde, qui ont besoin d’être encadrés par une norme faisant office de repères, de suivre un guide, d’en adorer et de défendre le discours. Le fait est que nous sommes parvenus au moment de l’histoire des hommes où ces « moutons » peuvent échapper à tout projet d’assujettissement grâce à leurs frères qui refusent d’obéir à leurs instincts et autres mécanismes psychologiques naturels sans penser. Grâce à ceux-là mêmes qui ne se conforment pas sans raison au groupe, aux mœurs, aux règles. Grâce à ceux-là mêmes qui ne se contentent pas d’apprendre mais qui veulent comprendre, ceux-là mêmes qui ont besoin de sens, qui remettent tout en questionmême quand il s’agit du récit de l’autorité ou du discours prôné par le plus grand nombre, et qui refusent d’obéir aux choses qu’ils considèrent comme mauvaises, après avoir médité dessus. 

L’habitude peut être très dangereuse. Elle est l’un des facteurs responsables de la parodie de démocratie qu’est la « démocratie indirecte » et explique, entre autres, pourquoi les gens se considèrent au pouvoir alors qu’ils ne font que choisir une tête à couronner. Comme l’avait remarqué La Boétie, les êtres humains, probablement pour la même raison que celle qui les pousse à se conformer au groupe, s’habituent à tout et vite. S’ils naissent dans un système gouverné par un tyran, ils s’habituent à la tyrannie ; s’ils naissent dans un système où l’on choisit son représentant sans contre-pouvoir face à ses choix, c’est-à-dire son maître, ils s’y habituent et le considèrent vite comme normal. Faisant de cet usage un acte civique, un devoir citoyen.