Après une partie de football, certaines chaînes de télévision font place à des débats dans lesquels des journalistes sportifs échangent leur point de vue sur les choix des entraîneurs. On y voit aussi d’autres journalistes interroger les entraineurs ou donner la parole à des supporters en débattant avec eux. Cela donne souvent des scènes très animées où chacun exprime avec passion mécontentements et désaccords. Toi, lecteur, tu assistes avec plaisir ou déplaisir à tout cela derrière ton écran de télévision ou ton poste de radio. Mais, réfléchis-y un peu, n’est-ce pas ce qu’il t’arrive quand tu tombes sur des émissions traitant de sujets autrement plus cruciaux comme le budget de l’État, les lois votées, les guerres, les impôts, la création monétaire, la retraite, les indemnités chômage, la dette, le contrôle des frontières ? Eh bien si ! Tu assistes plus ou moins passivement à des débats sur des questions sérieuses où tu aurais ton mot à dire puisqu’elles te concernent directement mais où aucun des dirigeants n’aime te voir décider. Ces derniers te laissent le droit de commenter leurs choix avec d’autres commentateurs. Des commentateurs professionnels : les journalistes. Ainsi va la démocratie dans ton pays : des journalistes interrogent des hommes de pouvoir et débattent ensuite entre eux, sous les yeux du peuple qui ne peut que les regarder derrière son écran en bougonnant ou en applaudissant. Parfois, mais c’est rare, les chaînes de télévision invitent certains membres du peuple, des électeurs, à les rejoindre à travers l’écran pour exprimer directement leurs pensées, ce qui donne lieu à des échanges d’idées avec les chroniqueurs politiques mais c’est le maximum qu’il leur sera accordé dans cette société dite démocratique. Tels des supporters de football, les pseudo-citoyens critiquent, approuvent ou sont choqués des choix des « choisisseurs » mais tous ont un point commun : ils bavardent, passifs et impuissants !

Prends conscience, lecteur, que dans ce système, tout ce que tu peux faire est applaudir ou huer les choix de celui que tu as choisi pour choisir pour toi ! Avec cela, tu t’obstines à croire que tu évolues dans un système démocratique alors que ce mot veut dire « pouvoir du peuple » et que la pratique te démontre que tu n'as ni pouvoir ni réel contre-pouvoir ! Mais comprends-le une fois pour toutes : tu ne peux faire que deux choses dans ton pays : élire des hommes de pouvoir et les critiquer ensuite ! Si tu étais vraiment dans un système démocratique, dans un système où le pouvoir est entre tes mains, l’homme de pouvoir, ce serait toi ! Réponds sincèrement à la question suivante : te considères-tu comme une femme ou un homme de pouvoir ? Non, bien sûr, car ton pouvoir se limite à choisir tes maîtres. Point. Si la démocratie c’est « le pouvoir du peuple », alors dans un pays démocratique, les hommes de pouvoir ce sont toi, moi, nos voisins, la rue : les citoyens ! Mon pauvre ami, je suis navré de te dire que tu n’es pas un homme de pouvoir, ni même un citoyen, tu es seulement un électeur. Un électeur endormi qui doit se réveiller ! Sors de ton sommeil, même si tu te complais dans ton rêve ! Fais-le au moins pour tes enfants ! Afin qu’ils connaissent un jour la démocratie.