L’homme qui médite n’est pas un animal dépravé, c’est un animal politique !

Je ferme ce chapitre avec une dernière pensée : si un chef de meute n’a pas sa place au sein d’une meute pensante, élire un chef de meute sans empathie et sans moi-pensant développé, c’est-à-dire un chef de meute qui ne vit pas pour la vérité et qui regarde l’autre souffrir sans que cela ne l’émeuve, est la chose la plus absurde et dangereuse qui soit. Les hommes forts d’une grande conscience, disons les hommes qui vivent pour penser et pour faire triompher la vérité, ne peuvent cautionner un système où ils doivent choisir celui qui choisira pour eux. Vivre et faire naître des enfants dans un système qui les fera plier sous une hiérarchie établie officiellement et consciemment voulue leur est inconcevable. Cette hiérarchie est le moyen qu’a trouvé la Nature pour faire régner l’ordre et l’équilibre au sein du règne animal, des meutes d’individus incapables de méditer sur l’Univers — les singes, les loups et tous les autres animaux sociaux — mais elle a aussi doté l’être humain d’un moi-pensant appelé à grandir. La capacité de regarder l’Univers ainsi que tout ce qu’il contient en pensant est une qualité que l’Homme doit cultiver par la méditation et la réflexion. Qu’il en fasse bon usage pour trouver sa voie et non pour choisir un pseudo-guide, un pseudo-chef qui le conduira où bon lui semble. L’homme doté d’une grande conscience ne peut que fuir le système où on lui demande de choisir son guide. Vu de l’extérieur, il appartient à la même espèce bipède que ses frères qui choisissent fièrement celui qui choisira pour eux, mais sa ressemblance corporelle n’est qu’une enveloppe qui cache un mode de fonctionnement intérieur si différent que l’on peut presque parler d’une autre espèce. Il est de l’espèce de ceux qui vivent pour comprendre, pour chercher la vérité et la faire triompher. L’espèce humaine qui aspire à la liberté avant tout. Eh oui, l’homme qui médite n’est pas un « animal dépravé », c’est un « animal politique » et un tel animal ne veut pas de maître ! Un tel animal, ça pense, ça légifère !

Si dans une meute d’êtres pensants, il est une erreur de croire que la démocratie, c’est choisir son représentant, il est un immense leurre de croire qu’en choisir un sans moi-pensant mature et sans empathie développée suffise à jeter les bases d’une démocratie digne de ce nom. D’autant plus dans un monde sans plafonnement des richesses. Eh oui, dans un tel monde, celui que le peuple adoptera comme représentant ne sera jamais la meilleure des personnes, ni la plus emphatique mais toujours la plus avide de pouvoir : l’homme de main des plus riches. Ce pseudo représentant sera en réalité, comme on l’a vu dans ce chapitre, le représentant du vrai pouvoir : le riche qui l’a fait élire. 


Extrait de : Je pense, donc je légifère