Qui sont les maîtres ?

Alors certes, beaucoup de gens, et c’est compréhensible, se demandent qui domine dans ce système. La question est importante, nécessaire, mais ce n’est pas si important de se la poser dans le but d’avoir des noms. Il est plus intéressant de se la poser en cherchant les grades hiérarchiques sociaux. Eh oui, lecteur, vois ce monde capitaliste comme une jungle, une véritable jungle. Dès lors, si les habitants de ce monde se demandent quel est le prénom et le nom de famille des animaux qui mangent les autres dans cette jungle, on peut, il est vrai, après une petite enquête, trouver le nom du jaguar qui rôde dans les bussions, du caïman ou de l’anaconda tapis dans les rivières mais ces noms ne sont pas si essentiels pour les proies en danger permanent, le plus judicieux pour elles est de connaître quelle espèce de prédateurs les dévore quotidiennement. C’est-à-dire de se demander qui sont les croqueurs d’animaux. Pour cela, il convient de chercher la place de chacun dans l’écosystème, la place de chacun dans la chaîne alimentaire. Car le risque de se concentrer sur les noms, c’est qu’on a vite fait de croire qu’il suffit de faire tomber le loup Emmanuel, Bill le crocodile et Ursula la Hyène pour croire que l’on aura résolu le problème des mangeurs d’herbivores. Et alors, quand bien même les proies réussissent à faire tomber leurs prédateurs, le système prédateur-proie n’aura pas changé, lui. Eh oui, même si le loup Emmanuel, Bill le crocodile et Ursula la hyène sont chassés de la jungle, leur relève est assurée : d’autres loups, d’autres crocodiles et d’autres hyènes prendront immédiatement leurs places. Celui qui dans cette jungle n’en peut plus de se faire dévorer doit impérativement comprendre cela. Cette prise de conscience faite, il se concentrera sur la nature profonde, la place et l’espèce des mangeurs d’animaux de la jungle où il est né et non sur leurs noms. Au monde des humains, c’est pareil. Qui, à l’heure actuelle a pu s’acheter le monde ou peut projeter de le faire ? Eh bien ceux qui en ont les moyens ! Dans un monde sans limites concernant l'accumulation de l’argent et où tout a une valeur pécuniaire, ce sont les riches qui peuvent te dévorer. Inévitablement les riches. Alors si certains te demandent « Qui ? » quant à la question de savoir qui domine les peuples en coulisse, tu peux répondre aisément : ceux qui ont la possibilité de le faire. Les pauvres ont-ils cette possibilité ? Non. Les professeurs, les boulangers, les cuisiniers, les maçons, les immigrés, les policiers, les salariés, les électeurs l’ont-ils d’avantage ? Tu connais la réponse. Dans une « jungle » où tout s’achète et où il n’y a pas de plafond dans l’accumulation des richesses, une seule « espèce » a le pouvoir de le faire : les ultra-riches. Dans un tel monde, à la question « Qui ? », la meilleure réponse est : « Ceux qui ont le pouvoir de » ! En démocratie, c’est le peuple qui a le pouvoir. En monarchie, c’est le roi. Et en ploutocratie, ce sont les plus riches, les milliardaires ambitieux. Si tu veux savoir qui gouverne chez toi, les noms des puissants ne te seront pas très utiles. Observe plutôt le régime où tu évolues et commence à t’interroger sur sa nature ! Médite en profondeur sur les réponses à tes interrogations et tu comprendras qui gouverne chez toi. Ce que j’essaie de te faire comprendre, c’est que ce n’est pas tant les noms des puissants qui comptent mais le nom du régime politique où tu es né. Si tu te fais abuser par le roi, ne t’en prends pas à son nom mais au système qui lui permet d’être roi. Si tu comprends cela, peu importe la nature du régime où tu es né, tu auras un levier pour tenter de le changer. Et tu comprendras surtout combien il importe de bien l’identifier. Si tu te concentres sur des noms sans comprendre sa nature, tu combattras seulement des noms, des personnalités, mais le système qui engendre la défaite systémique du peuple perdurera. Médite sur le régime politique qui est le tien ! C’est le plus grand acte révolutionnaire que tu puisses faire. Actuellement, c’est même le plus grand acte citoyen. De cet acte découlera le printemps humain : cette révolution qui rendra les hommes libres et acteurs de la démocratie. Gratte l’étiquette officielle que l’on a collée sur ton régime, médite sur sa nature profonde, tu verras s’évaporer les abus de pouvoir ainsi que ton impuissance face à ces derniers ! Moque-toi des noms de famille et concentre-toi sur le statut de celui ou ceux qui dominent dans les coulisses de l’empire, dans les coulisses de ce jeu que représente la pseudo-démocratie représentative, dans les coulisses de ce monde capitaliste démesuré.

Je pense, donc je légifère