Une « police » des médias gérée par le peuple pour stopper le journalisme de connivence

D’un autre côté, le moi pessimiste qui gît au plus profond de moi-même me fait penser que si le peuple n'est pas capable de comprendre que celui qu’il choisit comme représentant n’est autre que celui que les propriétaires des médias ont choisi pour le représenter avant même qu’il se demande quel candidat il élira, alors il est inapte à voter les lois, seulement bon à élire un maître. Enfin quoi, lecteur, ce n’est pas parce qu’on te place devant un écran de télévision et qu’on te dit que tu as le pouvoir de choisir la chaîne que tu veux en utilisant la télécommande, que tu es réellement maître de tes choix : tu choisis seulement parmi les programmes que l’on a bien voulu que tu choisisses. Mais réfléchis encore un peu : si à travers cet écran, on en profite pour faire passer les candidats qui se présentent à l’élection de dirigeant du pays, alors celui à qui tu auras choisi de donner le pouvoir aura, avant d’avoir été choisi par toi, été choisi en amont par d’autres. Par ceux-là mêmes qui possèdent ces chaînes de télévision que tu regardes. Les gens ne s’en rendent pas compte parce qu’ils regardent cet écran en dormant : le moi-pensant éteint ! Et comme ils dorment, ils ne font pas le lien que je viens de faire là. Ils ne le font pas parce que la chaîne qu’ils regardent ne porte pas le nom de son propriétaire. Eh oui, si une chaîne de télévision portait le nom d’un parti politique, d’un homme ou d’une société, les gens comprendraient facilement que ce qu’elle dit dans son journal d’information, dans ses émissions ou autres reportages, n’est pas objectif. C’est la raison pour laquelle il est vital pour la démocratie que les chaînes de télévision, ainsi que tous les médias soient transparents et affichent à l’écran le nom de leur propriétaire. En fait, comme je l’ai dit dans Je suis votre voix, il est crucial, que dis-je, il devrait être constitutionnel qu’une « police » des médias soit mise en place et gérée par le peuple. À défaut de faire cela, le journalisme virera inévitablement à un journalisme de connivence, c’est-à-dire un journalisme qui couvre le discours politique et les intérêts des puissants. Le journalisme est un travail d’information et d’investigation. Ce travail doit être fait de manière neutre et objective. Le journalisme de connivence, lui, a pour but de donner au peuple la vision du monde que les puissants, alors maîtres du récit, veulent qu’il ait. Ce travail-là est orienté. Il ne faut pas confondre journalisme et journalisme de connivence, ils n’ont rien à voir. Tout les oppose. Tout comme le fact-checking et le fact-checking de connivence. En effet, si le fact-checking prône la vérification des faits et traque les failles dans le récit, le fact-checking de connivence, lui, a le rôle inverse : il a pour but de couvrir les failles du récit politico-médiatique en traquant ceux qui font vraiment ce travail de vérification et en les taxant de complotistes. Bref, le fact-checking de connivence, c’est être payé pour faire semblant de fact-checker.

Extrait de : Je pense, donc je légifère