L’École, en plus d’avoir la mission de former ses élèves au métier de citoyen, c’est-à-dire de les aider à devenir des adultes politiques accomplis, devrait avoir la mission de faire grandir leur moi-pensant. Mais alors se pose la question : dans une société où certains choisissent pour d’autres, ceux-là mêmes qui occupent la fameuse fonction de représentants et de « choisisseurs », sont-ils gagnants à ce que chaque élève devienne un adulte jouissant d’un fort moi-pensant : un adulte vivant pour penser et pour connaître la vérité ? Moins l’homme pense et plus il est sujet à apprendre sans vouloir comprendre. Moins il pense et plus il peut apprendre sa leçon sans s’interroger sur cette dernière et sans se demander si elle est dans « le vrai » ou dans « le faux ». Celui qui peut apprendre sans comprendre, prendra pour acquis que la Terre est plate, que la démocratie, c’est le pouvoir de choisir ses maîtres ou n’importe quelle leçon qu’on lui demandera d’apprendre sans s’interroger. Il apprendra sans être capable de douter de ce qu’on lui demande d’apprendre. Il apprendra sans curiosité, sans remise en question, sans esprit critique et sera à son insu un parfait perroquet. Pire, il sera même choqué d’entendre d’autres personnes oser s’interroger sur la véracité de ces leçons apprises par cœur et inculquées durant l’enfance ou la scolarité. En revanche, l’être à la conscience mature est intéressé et curieux quand il entend quelqu’un expliquer que sa leçon favorite est fausse. Au lieu de s’énerver contre son contradicteur sans réellement l’écouter, il lui demande sainement : « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » et écoute avec grand intérêt et beaucoup d’attente la réponse.

Il m’est difficile de comprendre en quoi un système où des chefs choisissent pour les autres est démocratique, alors il m’est impossible d’apprendre cette pseudo-leçon d’éducation civique. Qu’y puis-je si j’éprouve des doutes au sujet d’une telle leçon ? Qu’y puis-je si mes doutes ne sont éteints par aucun des arguments de cette leçon et sont au contraire amplifiés par tous ces derniers ? Est-ce seulement une faute si je fais mon devoir d’Homme, si je m’interroge, si je pense ?

Extrait de Ploutocratie, la cause des causes de tous nos maux ? Essai à paraître