T’es-tu déjà assis à une table en te demandant quelle était la cause des causes de tous les maux du monde des hommes, lecteur ? Si la réponse est oui, sache que tu appartiens à une espèce rare et que le monde des hommes souffre du manque de personnes de ton espèce. Si la réponse est non, alors tu es cette « cause des causes » ! Eh oui, lecteur, la cause des causes de tous les problèmes sociétaux dont tu souffres avec tes semblables, c’est peut être toi, qui lis cette phrase sans jamais t’être demandé quelle était la cause des causes de tous tes maux dans la société ou tu es né.
Tu sais, lecteur, tu auras beau te trouver au pied d’une splendide et impressionnante montagne, l’équivalent de dix volcans, si tu ne relèves jamais la tête pour la regarder, tu respireras toute ta vie son oxygène sans être jamais témoin de ce grandiose spectacle de la Nature. Un spectacle qui était facilement à ta portée puisqu’il suffisait de lever les yeux pour le voir. Eh bien, il en va de même pour certaines prises de conscience. Comme je l’ai compris en lisant Descartes, je peux douter de tout sauf d’une chose : je doute. Si on ne médite pas sur cette phrase et qu’on la survole, on peut la trouver naïve et facile. Alors que c’est probablement une des plus grandes découvertes, sinon la plus grande que tu peux faire, qu’un homme, qu’une « chose pensante » peut faire pendant son court passage dans ce Cosmos. Une profonde prise de conscience sur toi-même te permettant de comprendre qui tu es. De la même façon, si tu ne médites pas sur la suivante, tu pourras également la trouver naïve et facile et ne jamais réaliser de profondes prises de conscience sur ta place dans la Cité, alors que c’est une des phrases les plus profondes que tu n’aies jamais entendues dans ta Cité : la cause des causes de tous les maux des hommes est qu’ils se moquent de chercher la cause des causes de tous leurs maux.
Et puis, lecteur, si tu vis au pied de la plus grande montage de tous les temps et que tu ne lèves jamais les yeux, non seulement tu ne l’auras jamais vue, mais pire, si tu finis un jour enseveli sous de la lave, c’est que tu n’auras jamais fait connaissance avec la nature de ton environnent. Et alors ta mort, tu la devras à ton désintérêt pour l’observation et la compréhension de ton paysage et à ton manque de curiosité et de sagesse face aux discours de ceux qui te pointaient le réel du doigt. À ton absence de vouloir-savoir. Eh oui, citoyen, l’enterrement ou l’avortement de la démocratie, découlent de ce que l’homme préfère le récit au réel, les ombres à la matière, la pilule bleue à la pilule rouge. Bref, la mort de la souveraineté populaire, les citoyens la doivent toujours à une soumission aveugle au récit dominant ou ce qui est pareil, au récit des dominants, à un manque de sagesse, à une paresse et à un conformisme intellectuels : une incapacité d’intérioriser l’idée : « Et si c’était vrai ? » quand on leur dit qu’ils ignorent tout de la réalité qui les entoure. Manque de sagesse, paresse, conformisme et soumission intellectuels, dus à un moi-pensant immature et donc à un vouloir-savoir évaporé.
La cause des causes, ce n’est pas que le peuple ne soit pas en démocratie, mais qu’il n’en ait pas conscience et ce parce qu’il se moque de réaliser des prises de conscience : la cause des causes c’est que le peuple se moque de la vérité. En d’autres termes, mon ami, la cause des causes, c’est le désintérêt chronique des humains pour le réel, et ce, parce qu’ils jouissent d’un moi-pensant immature.