C’est René Descartes qui a été le premier à me conduire sur les traces de la « cause des causes » de tous les maux dont souffrent les hommes dans la société : abus de pouvoir, lois injustes, inégalités et régimes politiques non démocratiques etc. Grâce à lui, j’ai compris que la seule chose dont nous puissions être certains est que nous existons en tant que « chose qui pense[1] », qui doute. Cette évidence a été le moteur de mon mode de vie et de penser. Elle m’a permis de prendre conscience que ce qui faisait de moi un Homme était que je pensais, que je doutais. Que moi, minuscule partie éphémère de l’Univers, j’en étais la conscience. Ma grille de lecture du monde a été fortement influencée par le Cogito cartésien. Plus je méditais sur le Cogito de Descartes, plus je comprenais que penser et douter faisaient grandir la personne humaine en moi, et plus je ressentais que mon devoir d’être humain était de faire grandir cette personne humaine, ce moi-pensant. En faisant toujours plus grandir ce moi qui pense ou, ce qui est pareil, cette conscience, l’Homme, j’en suis sûr, vivra toujours plus pour le triomphe de la vérité et la justice. L’injustice n’irrite-t-elle pas la personne humaine qui est en toi, lecteur ? Pour cette personne, l’injustice est semblable à du poil à gratter ! Voilà pourquoi nombre de personnes refusent d’éveiller leur conscience : elles ne veulent pas de démangeaisons et préfèrent par conséquent mettre leur conscience en veilleuse. En revanche, ceux qui ne peuvent pas ne pas penser, ne pas s’interroger et ce parce que la nature les a faits ainsi, ceux-là n’auront cesse de rechercher la vérité et seront capables, pour l’approcher, de tout remettre en question. C’est grâce à eux que surviennent les prises de conscience collectives et les révolutions ! Quand Étienne Chouard dit que ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, quand il explique que pour qu’il y ait démocratie il faut que la constitution soit citoyenne, il soulève des points cruciaux auxquels tu n’as pas le droit, citoyen, de ne pas t’intéresser si tu veux être un citoyen exemplaire. D’ailleurs si tu ne t’y intéresses jamais, tu ne seras jamais citoyen chez toi, tu resteras un électeur berné et impuissant à vie, et cette impuissance, fruit de ta paresse intellectuelle, sera par conséquent bien méritée ! En fait, lecteur, quand Étienne Chouard dit : « Ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir[2] », ou quand il explique que la démocratie n’est pas d’élire son maître mais de voter ses lois, il prononce les phrases les plus révolutionnaires dans un pays qui, à un moment donné de son histoire, s’est proclamé démocratique mais qui demande depuis lors à son peuple d’élire des maîtres, maîtres qui prendront ensuite en mains les choses sérieuses : les lois. C’est-à-dire au sein d’un pays où les règles du pouvoir sont écrites et retouchées par des représentants martelant aux représentés un récit absolument contraire au réel : « vous avez le pouvoir ».
[1] La Recherche de la vérité par la lumière naturelle. Descartes
[2] Notre cause commune. Étienne Chouard