En d’autres termes, je pense qu’avant de vouloir semer des graines dans les esprits, il convient de préparer le terrain et de s’assurer que ce dernier soit en mesure de faire germer les graines que l’on veut qu’il fasse éclore. Car si on plante des graines dans une terre non fertile, pire, si on les plante dans du ciment, on n’obtiendra rien, sauf de la frustration ! Et si on ne le comprend pas, on risque de passer toute sa vie à dépenser son énergie à planter des graines dans du ciment et à mourir frustré. Le plus important n’est pas la graine comme je le pensais un jour, mais le terreau. Le plus important ne sont pas les idées et les prises de conscience mais le moi-pensant des gens, ce moi intérieur capable de réaliser des prises de conscience. Avant de dire à quelqu’un qu’il n’est pas en démocratie, il faut s’assurer que ce dernier soit prêt à écouter. S’il entend l’information et va se coucher le soir venu sans y repenser une seconde, c’est qu’il dormait déjà avant d’aller au lit ! C’est que vous communiquez une grande information à un « somnambule » ! Peu importe la prise de conscience que l’on réalise et que l’on veut faire réaliser à autrui, l’essentiel est d’abord de le réveiller ! C’est-à-dire de faire grandir son moi-pensant. Car dès lors que ce dernier sera mature, son esprit, tel un terreau prêt à accueillir des graines, sera disposé à faire germer tout ce qu’on y sème, les idées s’enracineront et les prises de conscience que l’on veut partager prendront dans le cerveau.
Avant de dire de grandes vérités aux gens, il convient de les réveiller. Les réveiller puis débattre avec eux. Débattre avec un « somnambule » — un homme qui se moque de la vérité — est stérile et épuisant. Sans moi-pensant développé, pas de débat ni d’enseignement possibles. Un homme peut apprendre et emmagasiner quantité de choses le moi-pensant éteint mais il le fait sans comprendre ce qu’il apprend, et ce, sans s’en rendre compte. Ce qui est dangereux. Je suis tellement frustré du peu de réaction des gens quand on leur explique qu’ils ne sont pas en démocratie que je me demande si leur dire cela avant de faire grandir leur moi-pensant est vraiment utile. Je ne demande pas à ce que les gens apprennent religieusement ce qu’on leur dit quand on leur explique qu’ils ne sont pas en démocratie, en fait c’est même le contraire : je leur demande de réfléchir sincèrement sur cet aspect, et de penser par eux-mêmes, c’est-à-dire d’analyser cette idée avec un moi-pensant mature, un esprit critique développé. À défaut de faire cela, ils vivront comme ils le font depuis toujours : en se soumettant à l’autorité du moment et à son récit aussi aveuglément que les cobayes de l’expérience de Milgram[1] et avec un esprit critique autant conditionné et conformiste que ceux de l’expérience de Asch[2]. Je soutiens que c’est quand ils jouissent d’un moi-pensant immature que les gens peuvent tomber dans le piège du totalitarisme, pire, qu’ils peuvent soutenir leurs tyrans sans le savoir. Eh oui, lecteur, sache qu’aujourd’hui en 2021, au moment même où je relis ces lignes écrites en 2010, la France sombre dans l’autoritarisme sous prétexte sanitaire ! Le propre des régimes autoritaires est qu’une masse, bien que victime, les soutient de toutes ses forces sans le savoir ! Cette année 2021 en témoigne : informez les français de la nature de leur régime et observez leur réaction.
Ils vous diront que « la dictature, c’est ailleurs ». N’est-ce pas la démonstration que j’ai raison ? En se moquant de la vérité, ils consolident l’autoritarisme. Ils en sont les meilleurs serviteurs. Eh oui, en se moquant de la vérité, un peuple ne fait pas seulement triompher le mensonge : il court aussi le risque de faire triompher l’autoritarisme naissant et sa propagande. Ceux qui ne reconnaissent pas les dérives autoritaires parce qu’ils s’accrochent au récit qui les nie avec autant d’aveuglement que les cobayes de l’expérience de Milgram, « en état agentique[3] », les consolident. Ce sont des activistes malgré eux, du terrorisme intellectuel ! Combattre à son insu la vérité, le réel, c’est se faire le complice du faux, du récit propagandiste et donc du totalitarisme naissant, pire, c’est être son meilleur serviteur. La France en 2021 est sur cette voie. En ne s’interrogeant pas sur la nature de son régime et en étant incapable de le remettre en question, en n’étant pas en mesure de douter des propos disant « Attention, totalitarisme », prônés par les lanceurs d’alertes, bref, en se fichant de la vérité et en se comportant comme les prisonniers de la Caverne de Platon, une grande partie du peuple de France, a soutenu et soutient encore cette nouvelle forme d’autoritarisme dont la vraie caractéristique n’est pas sanitaire mais numérique : identification et contrôle numérisés de la population. Cet autoritarisme numérique qui pointe son nez en faisant patienter les peuples dans une salle d’attente : la société pharmaco-punitive. Plus encore que les tyrans eux-mêmes, c’est une masse majoritaire du peuple qui collabore avec cette nouvelle forme de gouvernance. En fait, c’est le peuple qui joue le plus grand rôle dans cet autoritarisme. Comme dans chaque autoritarisme
[1] L’expérience de Milgram est une expérience de psychologie publiée en 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram. Elle a pour but d’évaluer le degré d'obéissance d’un individu devant une autorité qu'il juge légitime et permet d'analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions posant des problèmes de conscience au sujet.
[2] L'expérience de Asch, publiée en 1951, est une expérience du psychologue Solomon Asch qui démontre le pouvoir du conformisme sur les décisions d'un individu au sein d'un groupe.
[3] Lorsque l'individu obéit, il délègue sa responsabilité à l'autorité et passe dans l'état que Stanley Milgram appelle « agentique ». L'individu n'est plus autonome, c'est un « agent exécutif d'une volonté étrangère ». Soumission à l’autorité. Stanley Milgram