Tant que les gens auront un moi-pensant immature, ils ne feront jamais de révolution mais seulement des manifestations. C’est-à-dire qu’ils maintiendront le système qui engendre les maux qu’ils dénoncent. En fait, les manifestations dont le but est de se plaindre de telle ou telle reforme sont composées de trop de gens au moi-pensant faible. Par conséquent, elles sont pleines de personnes qui aiment hurler dans une foule mécontente. Dans ce brouhaha immense, nombre de manifestants sont dans leur élément, ils n’aspirent qu’à une seule chose : faire du bruit. Seul le défoulement et les émotions comptent. Le fond, les idées ne les intéressent pas. C’est la forme qui prime pour eux et c’est la raison pour laquelle les slogans, les rimes et les heurts ont plus d’importance que la réflexion. Tout ce folklore active et décuple les émotions et anesthésie le moi-pensant. Raison pour laquelle, l’homme au moi-pensant immature aime les manifestations. Il veut se défouler, décompresser, rire, se montrer, laisser libre cours à sa colère ou à sa joie. D’autant plus qu’au beau milieu d’une foule de mammifères sociaux, les émotions sont décuplées. Pour avoir un fond constructif, productif et intelligible, il faut penser un minimum et ce minimum-là, les humains qui manifestent ne le font que trop rarement. Par conséquent, ils aiment les manifestations qui sont des lieux où le logos n’a pas sa place et est dissous dans le pathos. C’est-à-dire des évènements collectifs où les émotions empiètent sur les idées et prennent le dessus sur la réflexion. Les hurlements, les chants et les danses en groupe font du bien aux hommes dotés d’un moi-pensant immature, à ceux-là mêmes qui se moquent de la vérité. Pour le philosophe, c’est le contraire : il n’aime pas les manifestations en ce sens que le bruit recouvre ce qui l’intéresse, lui : le fond. Ce qu’il veut, c’est pouvoir penser et il a pour cela besoin du contexte inverse de celui que génèrent les manifestations. Loin du vacarme et des revendications bruyantes, il peut construire ses pensées, les développer, les disséquer et les partager. Ainsi, ne sera t-il pas être à l’aise en compagnie de gens regroupés par centaines ou par milliers, criant contre des conséquences d’une cause qu’ils n’ont pas identifiée et ce parce qu’ils ne font jamais ce qu’il fait, lui : penser. Je soutiens que cinq personnes autour d’une table et pensant des heures durant sur les maux de leur société font plus la révolution que des milliers de gens qui ne font que danser et chanter dans la rue.
Manifester, en soi c’est bien, mais si un peuple n’a que ça pour exprimer son mécontentent contre les lois qui lui déplaisent, alors c’est non seulement stérile mais c’est un atout que le système utilisera pour laisser gronder la colère du peuple sans pour autant en être ébranlé. Oui, les enceintes feront beaucoup de bruit dans le cortège mais elles ne feront trembler que tes tympans. Pour ce qui est du Pouvoir, il ne sera pas ébranlé par du bruit mais par des prises de conscience.