Cesse de confondre manifestation et révolution, ce sont des ennemies !

Jeune manifestant, aie la sagesse d’écouter ma leçon sur les manifestations, cela te sera utile toute ta vie. Quant à toi, manifestant senior, aie l’humilité d’écouter la leçon d’un jeune homme qui a beaucoup médité sur le rôle des manifestations pour les nouveaux tyrans : ceux-là mêmes qui ont collé l’étiquette de la démocratie sur leur régime ploutocratique et qui font croire à leurs sujets que la démocratie, c’est avant toute chose la liberté de s’exprimer, tout en leur cachant que la démocratie, c’est surtout le pouvoir de voter les lois ! Qui que vous soyez, manifestants, cessez de vous comporter comme des adolescents qui se plaignent et qui pestent en cortège pour montrer aux parents leur mécontentement face à leurs règles ! Ne vous en déplaise, en faisant cela vous n’êtes rien d’autre que des pions utiles du système. Si vous voulez changer ce dernier, cessez de manifester et conquérez votre souveraineté ! Vous pouvez la conquérir sans sifflets, sans tambourins et sans chants rimant en l’« honneur » des maîtres ! Pour la conquérir, il vous faut faire une seule chose : penser. Eh oui, si vous ne le faites pas et que vous vous contentez de chanter dans la rue, qu’obtiendrez-vous hormis le fait de vous être un peu amusés ou beaucoup défoulés ? Ne l’oublie pas, lecteur : révolution sans conscience n’est que kermesse et folklore. Ne prends pas mal ces propos, manifestant, je suis de ton côté et c’est la raison pour laquelle je tiens à t’informer que les manifestions servent plus au système qu’à nous ! Eh oui, lecteur, si ton plus grand acte de contre-pouvoir n’est autre que la manifestation chantante et dansante, tu risques de finir par croire que ces chorégraphies ont un réel poids dans la Cité. En s’adonnant à ces kermesses sans jamais penser, un homme a vite fait de se déhancher en rythme et en cadence, le sourire aux lèvres ou le poing serré, en scandant des slogans moqueurs envers ses bourreaux, et faire tout cela en se rendant sans le savoir à la guillotine éternelle ! Ô pauvre somnambule qui manifeste en chants et en couleurs sans te rendre compte de l’endroit où tu te diriges. C’est vers le bourreau que tu t’en vas en chantant et en clamant « Non au bourreau » ! Comprends que ta tête va bientôt scander ces mots en roulant dans la poussière ! Ô pauvre manifestant, sache que si tu souris pendant que tu chantes des rimes satiriques envers ton maître, ce dernier, lui, rit aux éclats ! Prends conscience qu’en Enfer, il est vain de manifester contre les lois infernales ou contre celui qui les vote : le Diable. Oui, en Enfer, il convient de penser : réfléchir au moyen de quitter ce lieu et à celui de rejoindre le paradis. Cet acte-là est réellement révolutionnaire et vaut des millions de manifestations. Eh oui, un homme qui médite en profondeur sur la société est plus révolutionnaire qu’un millier de manifestants chantant dans les rues. Le Diable le sait, il ne veut pas que tu penses. Citoyen, comprends-le une fois pour toutes : la manifestation est l’anti-révolution par excellence : elle te donne l'espoir qu’il se passe quelque chose, qu’il s’est passé ou qu’il se passera quelque chose alors qu’en fait, tu as surtout crié et marché dans la rue pour te plaindre des lois votées par le maître. Mais ces lois que tu vomis, le maître les a votées sans toi. Et ce ne sont ni tes plus belles chorégraphies, ni tes plus belles pancartes, ni tes plus belles rimes qui y changeront quelque chose ! Mais quel beau spectacle pour ce maître que ces rues pleines de gens qui se comportent comme des mineurs en rébellion contre leurs parents, dans une mer de drapeaux, de sifflets et de fumigènes, protestant contre les règles de leurs responsables légaux ! Cesse d’être cet adolescent qui demande à ses parents s’il pourra organiser une « kermesse contestataire » tel jour et à telle heure ! Cesse de confondre manifestation et révolution, ce sont des ennemies ! La première est une alliée du système que la seconde veut faire s’écrouler. Peuple, tu es encore un adolescent, proteste contre tes parents si tu le veux, mais n’oublie pas de grandir : de muter en adulte politique. Sache qu’il est possible de se plaindre toute sa vie contre les règles de ses parents et que si l’on ne s’émancipe pas du cocon familial et qu’on se contente de se plaindre des règles parentales, on les subira ad vitam æternam !