Et puis, lecteur, pour revenir sur l’horizontalisation des conflits au sein du peuple. Il faut savoir que ce stratagème ne date pas d’hier. Eh oui, il s’agit d’un principe bien connu : divide et impera. Je crains fort qu’une « démocratie représentative » ne puisse pas tendre vers une société sereine et paisible pour la simple raison que les représentants d’une telle société, qui ne sont autres que ses maîtres, ont tout intérêt à ce que le peuple ne décide pas de se représenter lui-même, comme un seul homme, et donc de les chasser du trône. C’est pourquoi les puissants pratiqueront toujours le « diviser pour mieux régner » : ils créeront des clans idéologiques en tous genres, de sorte que les luttes claniques fassent oublier la grande cause commune à tous, celle qui induit toutes les autres. Dans une société divisée, les maîtres voient même comme un avantage le fait qu'il y ait des problèmes dans la Cité et qu’ils perdurent. Eh oui, de cette façon, le peuple se focalise sur ces problèmes qui l’impactent réellement au quotidien : insécurité, immigration incontrôlée, discrimination, taxes abusives, abus de pouvoir, lois liberticides, appauvrissement général, effondrement de l’école, des hôpitaux etc., et ne pense pas au plus important de tous, à l’éléphant qui se trouve dans le salon : le fait qu'il ne soit pas en démocratie. Au contraire, si le maître faisait en sorte de régler tous les problèmes des citoyens dans la Cité, le peuple pourrait alors se concentrer sur le seul problème restant, à savoir qu’il n’a pas le pouvoir dans ladite cité. Cela n’arrangerait évidement pas les gouvernants qui y perdraient à avoir une société saine et sereine. La « démocratie indirecte » est donc doublement vicieuse en ce sens qu’elle donne à croire au peuple qu’il a le pouvoir et qu’elle utilise une société à problèmes pour se maintenir. Ô pauvre peuple que celui aveugle ! Y a t-il plus à plaindre que toi qui ne prends pas de hauteur sur ce que tu vis ? Ton maître sait que tant que tu as des problèmes, tu ne réfléchiras pas à ton utopie mais tu seras trop occupé à régler tes problèmes. Écoute le philosophe, il te dit que tu t’y prends à l’envers : en méditant sérieusement sur ton utopie, tu réglerais tous tes problèmes alors qu’en te focalisant sur ces derniers, ils se maintiendront ou muteront : ils seront systémiques ! Et si tu ne médites jamais sur ce que je dis-là, tu ne méditeras jamais sur la cause de tes problèmes dans la Cité. Tu ne te rendras pas compte que tu focalises sur des symptômes en passant à côté de la maladie, pire, en prenant le soin de l’esquiver ! La cause des causes de tous les malheurs d’un homme en plein cauchemar, c’est qu’il dort. Le problème étant qu’aussi longtemps que le dormeur dormira, il ne se rendra pas compte que la cause de son cauchemar n’est autre que son sommeil. Tant que tu ne te réveilleras pas, électeur, tu ne te rendras pas compte que la cause de tous tes problèmes n’est pas autre chose que la suivante : tu ne recherches pas cette cause. Quel dilemme que de devoir se réveiller pour comprendre que la cause de ses maux, c’est qu’on dort ! Rien d’étonnant alors à ce que dans un cauchemar dystopique, ceux qui s’en sortent bien, la caste des privilégiés, fassent tout pour empêcher les dormeurs de se réveiller. Dès lors, comment s’y prendre pour aider les endormis, ces électeurs qui ne comprennent pas que la cause de tous leurs problèmes, c’est qu’ils jouent à un jeu dont les règles ont été écrites par d’autres, qu’ils élisent leur maître ? Pénétrer leur esprit qui somnole, entrer dans leur cauchemar et y semer par le verbe des graines et des prises de conscience. Mais par-dessus tout, pénétrer leur esprit endormi pour tenter de les réveiller : faire grandir leur moi-pensant. Ce moi intérieur qui veut connaître la vérité, qui doute, qui s’interroge, qui cherche les réponses à ses interrogations, et qui réalise des prises de conscience. C’est un projet encore plus ambitieux que la maïeutique de Socrate qui est l’art de faire naître les idées, les connaissances, les prises de conscience. Il s’agit ici de réveiller les esprits, le moi-pensant, les consciences. C’est-à-dire de faire mûrir ce qui, au plus profond de l’homme, émet des idées, veut connaître et réaliser des prises de conscience. La maïeutique est la technique visant à faire naître les idées, mon souhait est d’aider les gens à devenir des petits Socrate. Tel est mon projet.
Je crains fort qu’avec la démocratie indirecte, le peuple soit loin d’avoir une société saine et sereine puisque, comme nous l’avons vu, les maîtres d’un tel régime ont besoin que le peuple ait des problèmes afin qu’il se concentre sur ceux-ci, permettant ainsi au régime et donc aux maîtres, de rester en place ; et je suis certain que sans moi-pensant mature, le peuple n’en prendra jamais conscience et n’agira jamais en conséquence !