Choisir celui qui choisira, ce n’est pas avoir le pouvoir mais seulement l’ombre du pouvoir ! Évoluer dans un système où l’on choisit son chef, ce n’est pas évoluer en démocratie mais dans l’ombre de la démocratie ! Être incapable de se demander si l’on évolue en démocratie, de se demander si avoir le pouvoir c’est choisir ses lois ou choisir ses maîtres, c’est vivre dans la Caverne des aveugles, de ceux-là mêmes qui ne vivent pas pour penser. L’Homme connaîtra la démocratie quand il sortira de ce sombre lieu, c’est-à-dire quand il jouira d’un moi-pensant mature, quand il sera motivé par la vérité : quand il sera un adulte véritable ! Tant qu’il sera prisonnier de cette Caverne, il verra des ombres, les considérera comme des objets réels et s’offusquera que certains osent se demander si ce ne sont pas des ombres qu’ils voient depuis leur plus jeune âge. Il apprendra sagement les leçons de l’École et les définitions du dictionnaire, ces leçons ou définitions qui expliquent que la démocratie, c’est élire des maîtres, et il croira tellement à ce qu’il a appris qu’il le défendra farouchement contre quiconque le remettra en question : il sera le gardien de la doxa de la Caverne. Pourvu qu’on lui enseigne une chose dans son enfance, il passera sa vie entière à croire que c’est vrai sans jamais s’interroger une seconde sur ses acquis. Il pourra alors vivre mille ans, tant qu’il n’allumera pas son moi qui s’interroge et doute des réponses à ses interrogations ou, ce qui est pareil, son moi-pensant, son esprit critique, il restera ligoté au fond de cette Caverne et pensera que ce qu’on lui a enseigné est vrai et indiscutable. Le seul qui peut être à l’origine d’une réelle révolution dans cette Caverne, c’est celui qui s’interroge sur la véracité de l’enseignement qu’on lui a prodigué. La vraie révolution arrivera donc quand les hommes se seront libérés de leurs chaînes mentales, et ils s’en libéreront au moment même où ils deviendront philosophes ! Au moment même où ils auront allumé leur moi-pensant et où ils feront le métier de l’Homme : vivre pour connaître la vérité et la faire triompher ! Nul besoin qu’ils deviennent de grands philosophes pour cela. Des petits philosophes en herbe, de simples personnes qui cherchent sincèrement la vérité suffisent pour donner naissance au printemps humain.