La cause des causes du fait que les hommes n’évoluent pas en démocratie est qu’ils ne pensent pas assez, et ce, parce qu’ils jouissent d’un moi-pensant immature. L’ironie du sort étant qu’il faut justement penser pour se rendre compte de cela ! Seuls les êtres éveillés — ceux-là mêmes qui méditent un minimum sur le monde et la société — comprendront véritablement ces lignes. Pour les autres qui se moquent de connaître la vérité et donc de savoir quelle est la « cause des causes » de tous leurs maux, les lire sera comme avaler un caillou dans lequel est enfermé le médicament miracle ! Ils ne seront même pas conscients qu’en ne vivant pas pour chercher la cause de tous leurs maux, ils incarnent cette cause. Tels les prisonniers de la Caverne de Platon, ces « somnambules » ne sont pas prêts pour recevoir de médicament, de pilule rouge[1]. Ils ne se posent pas les questions dont ils ne veulent pas connaître les réponses. Par conséquent, ils ne se posent pas sincèrement la question de savoir s’ils sont en démocratie ou non. Contrairement à celui qui vit pour s’interroger et qui s’inquiète à l’idée de vivre dans l’erreur, ils craignent les vérités dérangeantes, par conséquent les réponses les effraient. Ils ne sont pas prêts à remettre en question leurs croyances les plus profondes. Ils sont indifférents à la vérité, ils ne la recherchent pas et n’ont par conséquent pas connaissance de celle-ci : ils ne sont pas en démocratie ! Ces pauvres n’ont pas connaissance de la plus importante des vérités du siècle où ils sont nés et passent leur vie à pester contre des conséquences de cette vérité. Dans un système où l’on doit choisir son maître, ils condamneront les lois injustes du maître. Quant à moi, quand je les vois pester contre ces lois injustes, je vois des êtres humains pester contre des infiltrations d’eau dans leur maison, sans comprendre qu’elles sont dues à un engorgement de gouttière, causé lui-même par les feuilles tombées d’une branche, branche provenant elle-même d’un tronc. Si tu pestes toute ta vie contre une infiltration d’eau sans te demander quelle en est la cause première, tu passeras ta vie entière à éponger ton plafond les pieds dans l’eau ! Une telle entreprise est non seulement inefficace, pire, elle fait de toi une partie du problème : un complice involontaire maintenant le problème en bonne santé à son insu. En fait, ce que fait l’homme qui éponge sans chercher la « cause des causes » des infiltrations n’est autre que renforcer le problème : plus le temps passera, plus l’arbre sera grand, plus il aura de branches, plus les feuilles engorgeront la gouttière, plus denses seront les infiltrations et plus difficile à scier sera l’arbre le jour où il comprendra que ce dernier est la cause première des infiltrations. Le risque, quand on ne cherche pas la « cause des causes » de son problème, c’est que l’on a vite fini par l’alimenter malgré soi. Et donc à être plus problématique que cette cause elle-même. Bref, le risque en ne s’interrogeant pas sur la « cause des causes » de son problème est que l’on finit par être, à son insu, cette cause. En ne se questionnant pas sur l’origine de son dégât des eaux, on fini vite par patauger à l’intérieur de chez soi et à repeindre en vain son plafond, le tout en arrosant quotidiennement l’arbre responsable du problème. Cette histoire ne t’inspire-t-elle pas, lecteur ? Elle ne t’évoque rien ? C’est pourtant la métaphore de ta vie ! Tu es cet homme quand tu te plains d’une loi mais que tu élis ton maître.
La « cause des causes » de tous les maux du monde des hommes est que les hommes ne se demandent pas quelle est la « cause des causes » de tous les maux qui prolifèrent comme des ronces et des orties qu’ils se tuent à arracher et à cultiver sans le savoir, du simple fait qu’ils ne se posent pas un instant pour méditer sur cette cause profonde et la chercher. Le fait que les gouvernés passent leur vie à se battre contre les « mauvaises herbes » est utile pour les puissants. En effet, ces derniers sont à l’abri pendant que le peuple à qui ils ont volé le pouvoir, se bat contre « ronces et orties ». Eh oui, lecteur, le Pouvoir est gagnant quand le peuple n’a pas le temps de s’interroger sur la « cause des causes » de tous ses maux. De cette façon, les hommes se battent contre leurs petits maux — les mauvaises lois —, laissant ainsi à leur grand mal —, l’ennemi commun à tous les citoyens : ce système qui permet aux maîtres de se faire élire — d’avoir de beaux jours devant lui. Se battre contre les problèmes citoyens et non contre la cause commune à ces derniers prolonge la vie de la cause commune à tous ces problèmes : le rapt du pouvoir, la démocratie prétendument représentative.
[1]U La « pilule rouge » et la « pilule bleue » sont des concepts issus d'une scène du film Matrix. Ils font référence à un choix entre la volonté d'apprendre une vérité potentiellement dérangeante ou qui peut changer la vie, en prenant la pilule rouge, et celle de rester dans une ignorance satisfaisante, en prenant la pilule bleue.