La « cause des causes » de ton impuissance politique, peuple, c’est que tu réunis à ton insu toutes les conditions pour que triomphe ton impuissance. Cependant, et c’est là que les choses deviennent encore plus intéressantes et profondes : pour s’attaquer à cette cause, il faut avoir conscience de son existence, et pour cela, il faut vivre pour penser et pour connaître la vérité. Ce qui m’amène à la conclusion que la « cause des causes » du fait qu’on n’évolue pas en démocratie n’est autre le fait que les gens refusent, dans leur grande majorité, de vivre pour penser, pour connaître la vérité, ou ce qui est pareil, pour chercher la « cause des causes » de tous leurs malheurs. Tant qu’ils ne font que s’attaquer aux conséquences de leurs maux sans en chercher la cause commune, cette dernière prospérera ! Mais pour que le peuple comprenne cela, il faut que chaque individu fasse grandir son moi-pensant et non qu’il développe toujours plus ses capacités cognitives. Capacités sur lesquelles se focalise l’École, qui n’est autre que l’École du système ploutocapitaliste. En effet, s’attacher uniquement au développement de certaines dimensions de l’intelligence bien précises, contribue à fabriquer des élèves dotés de brillantes capacités cognitives mais qui une fois adultes, ne comprennent pas quelle est la cause commune à tous leurs problèmes citoyens. Cela en fait des adultes qui n’identifient pas cette cause parce qu’ils ne la cherchent pas : des adultes qui « dorment » et qui, tels des « somnambules » intelligents, entretiennent parfaitement la société qui leur vole leur souveraineté : ils travaillent, consomment et élisent leur représentant tout-puissant. Et quand ces grands endormis ne sont pas contents des lois qui leur sont injustes, ils pestent contre celles-ci ou contre les injustices qu’elles engendrent sans s’attaquer à leurs causes profondes. Hélas, force est de constater que le « somnambule » instruit et doté d’une intelligence bornée, cantonnée, est bel et bien l’agent le plus productif de tout système injuste. C’est sur lui que repose et prospère le nôtre.
Tu sais, lecteur, si pendant ton sommeil quelqu’un te pince le doigt, il peut provoquer chez toi le rêve étrange d’un canard qui te pince le doigt avec son bec ou quelque chose de ce genre car ton cerveau voudra interpréter ce pincement réellement effectué pendant le sommeil. Ton cerveau pourra alors tenter de faire fuir le canard fictif en lui criant dessus dans ton rêve mais il n’empêche, tant que tu ne te réveilles pas, le pinceur en chair et en os peut continuer son jeu. Eh oui, dans pareil cas, tant que tu ne te réveilles pas, tu auras mal au doigt tout le temps qu’on te le pincera et ce même si tu réussis à faire fuir le canard dans ton rêve. Le canard qui te mord dans ton rêve est la conséquence du fait que quelqu’un te pince dans la vraie vie. Si ton corps souffre dans ton sommeil et que tu ne te réveilles jamais, tu souffriras et tu te battras toute ta vie contre des chimères : les scénarios de tes rêves ! Dans un tel cas de figure, la « cause des causes » de tes souffrances sera que tu ne te demandes jamais si tu n’es pas en plein rêve ; tu passeras ta vie à te battre de façon stérile, c’est-à-dire à te battre contre des conséquences. La « cause des causes » des souffrances d’un somnambule réside toujours dans le fait qu’il n’est pas réveillé. Tout citoyen qui ne cherche pas la « cause des causes » de ses problèmes se comporte en somnambule ! Son moi-pensant est endormi, sous-développé, là est la « cause des causes » de tous ses problèmes dans la société.