Ne pas chercher la cause profonde d’un problème, c’est contribuer à l’alimenter

Un homme est mort dans sa maison. Le médecin légiste doit poser un diagnostic. Il doit trouver la cause du décès. L’homme est décédé parce que son cœur a cessé de battre. Voilà la cause de sa mort, dirait un enfant. Mais le médecin doit trouver le mal qui a occasionné la rupture du rythme cardiaque. Il continue donc ses recherches et comprend que l’homme a cessé de respirer à cause d’un poison présent dans son sang. Le médecin a réalisé son travail. Il convient maintenant de trouver la raison du poison dans le sang. Le médecin passe donc le relai à un enquêteur de police, lequel se rend au domicile du défunt et y découvre une lettre signée par ce dernier dans laquelle il explique son mal de vivre et son envie d’en finir. L’enquêteur en conclut que l’homme s’est donné la mort parce qu’il était malheureux. Cependant, étant un bon enquêteur, il est suspicieux ou, ce qui est pareil, sage : il s’interroge et doute. Il se demande donc quelle est la raison de son mal-être. Il poursuit son enquête en sonnant chez les voisins desquels il apprend que cet homme rentrait tous les jours du travail, les larmes aux yeux. Il se rend donc sur le lieu du travail et apprend que le défunt était victime de harcèlement de la part de son supérieur. Bien que certains de ses collègues ou autres voisins avaient remarqué son mal-être, aucun n’en connaissait la cause. L’enquêteur a mené sa mission à bien, il a cherché la cause profonde du suicide. Un enquêteur aveugle se serait contenté de conclure que l’homme s’est suicidé parce qu’il était malheureux, « fin de l’enquête ». Une question me laisse alors perplexe : qui est le plus incriminable dans cette histoire ? Le patron qui harcelait son employé ou l’entourage de ce dernier qui constatait son mal-être sans jamais chercher à en savoir la cause ? Je me pose cette question car je constate qu’à cause des gens qui ne s’interrogent pas, qui se fichent de connaître la vérité, et qui par conséquent ne se demandent jamais quelle est la cause profonde d’un problème, le monde est rempli de problèmes ! Ne pas chercher la cause des problèmes, c’est comme conclure qu’un homme est mort parce que son cœur a cessé de battre. Ne pas chercher la cause profonde d’un problème, c’est contribuer à faire perdurer ce problème et c’est un spectacle affligeant pour le chercheur de vérité. Eh oui, si on ne recherche pas la cause de la mort d’un employé, on permet à un patron pervers de pousser à bout une autre proie. 

Que penses-tu d’un enquêteur de police qui arriverait à la conclusion que la cause du décès est le poison et qui classerait le dossier sur ce seul constat ? Tu diras forcément qu’en ne s’intéressant pas aux causes profondes, un tel policer obstrue l’arrestation du responsable, qu’il contribue à en faire perdurer les crimes et que l’harcèlement au travail a de beaux jours devant lui ! Vois-tu, lecteur, ce que tu penses d’un tel enquêteur est exactement ce que le philosophe pense d’une société où la masse ne se préoccupe pas de la cause de ses maux. Si tu n’as pas compris où je veux en venir avec cette petite histoire, alors poursuis la lecture de ce chapitre et des suivants !